Mascaras : conventionnels, waterproof ou naturels et bio?

Octobre 2019

Test produits : mascaras

Le maquillage fait partie de ces catégories de produits cosmétiques souvent considérés comme « secondaires » : après la catégories de produits « d’hygiène de base » (savons, gels douche, déodorants, shampooings ) ou de soins (soin visage & corps).Et dans ces catégories « secondaires », -dont les mascaras font partie – les consommateurs/consommatrices ont parfois du mal à franchir le pas vers le monde des produits « plus naturels », qui contiennent moins de composants considérés comme controversés. Et pourtant… même dans cette catégorie de produits secondaires, on retrouve des grandes différences de formulation, de qualité …et de prix.Comme nous l’avions déjà montré dans des tests produits de maquillage auparavant, regarder de plus près la liste des composants peut toujours s’avérer utile. Car même dans ces catégories secondaires, on retrouve toujours de nombreux composants problématiques. D’autant plus, qu’il existe aujourd’hui de nombreuses alternatives…

Allons désormais jeter un coup d’oeil sur le cas spécifique des mascaras…

De manière générale, un mascara est formulé dans le même esprit qu’une « émulsion » :

Phase aqueuse (eau + gélifiant) + Phase huileuse ( huiles et cires végétales ou huiles minérales,  silicones) + Emulsifiant (pour lier l’ensemble) + Pigments (naturels ou de synthèse) + Matières actives ( diverses : extraits de plantes, inuline, glycérine, etc) + Conservateurs (qui peuvent être considérés comme plus ou moins controversés)

 

 

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En ce qui concerne la phase huileuse, il y a une réelle différence entre les marques « conventionnelles » qui travaillent la plupart du temps avec des silicones ou des huiles minérales*.  Les marques de cosmétique naturelle et bio (certifiées) se servent uniquement d’huiles et de cires végétales, les silicones ou composants issus de la pétrochimie ne sont pas autorisés par les différents labels.

* Les marques conventionnelles mélangent désormais aussi silicones/ huiles minérales et huiles et cires végétales.

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Ah les fameux SILICONES… 

Les silicones sont souvent utilisés en cosmétique «conventionnelle», car ils sont faciles à manipuler en tout cas plus faciles à manipuler dans les formulations que les huiles et cires végétales, qui sont plus délicates à travailler, par exemple.Les huiles de silicones permettent d’obtenir des textures et un toucher « soyeux », très peu gras, une texture qui correspond aussi aux attentes des consommateurs d’aujourd’hui. Dans les mascaras, le silicone interviendra aussi dans les formules « waterproof » ou comme agent filmogène, par ex.

Où est le problème, alors ?

Le problème d’une part, c’est que les silicones n’apportent absolument pas la « qualité de soin » que peuvent apporter des huiles/cires végétales, par exemple. Certains composants à base de silicone, comme Le Cyclopentasiloxane (D5), posent également problème à d’autres niveaux, ce composant classé comme persistant, bioaccumulable et toxique dans l’environnement est supposé d’agir en tant que perturbateur endocrinien. Et les silicones de manière générale engendrent toute une autre problématique importante ; ce sont des composants très polluants, car peu ou pas biodégradables. Les silicones, ingrédients dont le nom finit en –ane ou en –one (methicone /siloxane/silicone) sont présents dans liste sous le nom INCI suivant, par exemple :

Dimethicone (et toutes ses variantes)

Cyclopentasiloxane

Amodimethicone,

Polysiloxane,

Cyclotetrasiloxane,

Cyclomethicone…

Etc, etc

Et les huiles minérales, alors ?

Toujours d’actualité, aussi dans les mascaras :

Les huiles minérales (type paraffine, pétrolatum, etc) nécessitent quelques explications supplémentaires; elles sont controversées et peuvent être considérées comme problématiques en cosmétique. L’avantage de ces huiles et cires de paraffine en cosmétique se résume surtout à un point : leur prix bas.C’est un composant de base issu de la pétrochimie (résidu de pétrole), particulièrement lucratif pour l’industrie cosmétique. Faciles d’utilisation (avantage de stabilité, sans oxydation) avec des propriétés protectrices et un prix de revient peu élevé, ces ingrédients issus de la pétrochimie sont largement utilisés par l’industrie cosmétique.Mais les huiles minérales comportent par contre de nombreux désavantages. Composées de chaines d’hydrocarbures dépourvues d’oxygène, elles ne peuvent pas être métabolisées par l’organisme, par exemple.  Ce sont donc en quelque sorte des corps gras «inertes», qui n’apportent aucun élément nutritif et n’interagissent pas avec la peau, les cils ou les cheveux.Les huiles minérales représentent par ailleurs aussi un réel problème environnemental: le processus d’extraction et du raffinage du pétrole présentent un bilan écologique désastreux.

 

 

 

En dehors des silicones ou des huiles minérales, quels sont les composants controversés que l’on retrouve encore aujourd’hui dans certains mascaras ?

Parmi les mascaras « conventionnels », on peut retrouver de nombreux composants controversés, qui peuvent poser problème à différents niveaux, comme par exemple les composants suivants : De nombreux conservateurs de synthèse et autres composants controversés. Il s’agit bien entendu d’une liste non exhaustive….

  • Propylparaben, perturbateur endocrinien supposé
  • BHT antioxydant chimique  /perturbateur endocrinien supposé.
  • PHENOXYETHANOL : potentiel toxique avéré (nocif pour le foie, notamment)
  • CHLORPHENESIN : substance organo-halogénée qui peut provoquer des effets allergisants et problématique car susceptible de s’accumuler dans l’organisme. Problématique environnementale également, car substance polluante.
  • TRIETHANOLAMINE substance tampon, émulsifiant ou faisant partie d’un tensioactif qui est susceptible de former des nitrosamines, cancérigènes.
  • PEGs : des matières éthoxylées. Obtenues à partir de gaz extrêmement réactifs et toxiques, issues d’un procédé chimique qui impose des mesures de sécurité les plus strictes. Les PEG sont par ailleurs susceptibles de rendre la barrière de la peau plus perméable à d’autres substances (et ne sont pas très biodégradables, donc aussi considérées polluantes).

Pigments / Colorants

  • Colorants azoïques :
  • Les colorants azoïques (pigments de synthèse/ chimiques) peuvent déclencher des allergies, certains colorants azoïques sont classés «cancérigènes possibles». CI16035/ CI19140/ CI15850/ CI11680 etc,

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A titre d’exemple, voici quelques exemples de mascara «conventionnels» qui contiennent des composants problématiques ou controversés.

Les produits ont été sélectionnés au hasard, juste à titre d’exemple.

1 ) L’Oréal : Mascara Unlimited Very Different Waterproof 

Ce mascara contient par exemple les composants problématiques/controversés suivants :

  • PHENOXYETHANOL
  • BHT 
  • PEG
  • SILICONS
  • PARAFFINE
  • CHLORPHENESIN
  • EDTA, etc

 2) L’Oréal: Faux Cils X-Fiber X-Treme Resist Waterproof

Ce mascara contient par exemple les composants problématiques/controversés suivants :

  • PARAFFINE
  • ISODODECANE
  • PENTAERYTHRITYL TETRA-DI-T-BUTYL HYDROXYHYDROCINNAMATE,
  • PROPYLENE CARBONATE
  • PEG-30 GLYCERYL STEARAT
  • BHT
  • TRIETHOXYCAPEYLYLSILANE

etc

 

3) Yves Rocher : Mascara Volume Elixir 

Ce mascara contient par exemple les composants problématiques/controversés suivants :

  • CERA MICROCRISTALLINA/MICROCRYSTALLINE WAX/
  • ACRYLATES COPOLYMER
  • PHENOXYETHANOL
  • BHT

4 ) Yves Saint Laurent : MASCARA VOLUME EFFET FAUX CILS

Ce mascara contient par exemple les composants problématiques/controversés suivants :

  • PARAFFIN
  • DIMETHICONE
  • PEG-40 STEARATE
  • BHT
  • PROPYLPARABEN
  • METHYLPARABEN
  • BUTYLPARABEN
  • PHENOXYETHANOL 
  • TRIETHANOLAMINE

etc

5)  ClarinsMASCARA SUPRA VOLUME

Ce mascara contient par exemple les composants problématiques/controversés suivants :

  • PARAFFIN
  • DIMETHICONE
  • PHENOXYETHANOL
  • CI 19140

etc

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Les composants problématiques ou considérés comme controversés listés ci-dessus (liste non exhaustive…) ne sont pas autorisés par les différents cahiers de charges de cosmétique naturelle et bio.

Ces produits sont donc par définition exempts de composants problématiques ou considérés comme controversés.

Voici donc en comparaison quelques exemples de mascaras de cosmétique naturelle & bio « certifiés ».

A la place des silicones et huiles minérales et d’autres composants de synthèse, on retrouvera par exemple un mélange d’huiles et de cires végétales, des extraits végétaux, des pigments naturels, des agents filmogènes naturels, des stabilisateurs de formules et des conservateurs plus doux, autorisés par les différents cahiers de charges en cosmétique naturelle et bio (type Potassium Hydroxide, Potassium Sorbate, Sodium Benzoate).

Voici quelques exemples de formulation de mascaras certifiés bio.

1) Dr. HAUSCHKA : Mascara volume 04 – deep infinity – 8ml

  • huile de ricin, cire d’abeille,
  • cire de candelilla,
  • huile de jojoba hydrogénée,
  • extrait de camelllia,
  • extrait d’euphraise extraits de feuille de neem et de feuille de théier,
  • poudre de soie,
  • cire de jojoba,

etc

2) AVRIL : Mascara longue tenue, noir

  •  cire d’abeille*,
  • mélange de cire et d’huile de jojoba hydrogénée,
  • gomme xanthane,
  • huile de graine de tournesol,
  • vitamine E, huile de graine de marula, 
  • eau de framboise

etc etc..

 

3) LADY GREEN : Mascara 

  • Cire d’abeille,
  • Glycérine,
  • Eau de framboise,
  • Gomme d’acacia (gomme arabique),
  • Cire de carnauba,
  • Huile de graine de Marula (prunier d’Afrique),
  • Huile de graine de tournesol,

etc etc..

 

 

 

Comment se fait-il qu’il n’y ait pas de mascara «waterproof» en cosmétique naturelle et bio ?

Pour l’instant, les mascaras waterproof peuvent seulement être formulés à partir de composants de synthèse – à partir de combinaisons de silicones et paraffines, notamment. Mais les silicones, -très polluants-, et les composants dérivés de la pétrochimie ne sont tout simplement pas autorisés en cosmétique naturelle et bio.

Les mascaras en cosmétique naturelle et bio ne peuvent pour l’instant donc pas être « waterproof » , mais en revanche ils ne contiennent pas non plus la flopée d’ingrédients polluants ou controversés que l’on retrouve souvent dans les mascaras conventionnels. Et peut être que demain, une marque de cosmétiques bio investira en recherche et développement pour ensuite proposer « le premier mascara bio waterproof », uniquement à base de composants naturels… affaire à suivre.Chaque marque de cosmétique naturelle et bio propose des formulations différentes, à des prix différents -c’est également le cas dans le secteur des cosmétiques conventionnels, d’ailleurs.A vous de jouer … pour trouver le mascara qui vous conviendra le mieux…

 

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Note ; cet article date de 2019

Les compositions des produits peuvent changer, même une gamme entière peut changer d’orientation d’une année à l’autre et choisir de supprimer ou de rajouter certains composants ou même produits, par exemple. Aucun site ou magazine de consommateur actualise en permanence ces changements, ce serait un travail gigantesque, à faire en continu. Et les articles ne sont pas supprimés à la simple demande des fabricants qui expliqueraient que les formules aient changé de formulation depuis la parution du test. Le test produit reflète par contre «l’image exacte du moment», les tests sont clairement datés.