La Vérité Cosméto du mois : déodorant BRUT stick revu à la loupe

février 2018

BRUT

Déo Stick

Anti-Transpirant

Original

50 ml,

prix : 3 €

 

Certains produits cosmétiques se passent de toute explication ou de présentation de produit, c’est le cas de ce déodorant BRUT, le fabricant Unilever présente par exemple uniquement la composition du produit sur son site.Si on reste dans la logique de la marque, c’est un déodorant « Brut » de décoffrage, masculin qui va droit au but: inutile de s’encombrer avec un descriptif plus détaillé. C’est un déodorant, un produit de mec. Un point, c’est tout.

Passons donc directement aux choses sérieuses : la liste des composants.

Ingrédients/ INCI:

Cyclomethicone, Aluminum Zirconium Tetrachlorohydrex GLY, PPG-14 Butyl Ether, Stearyl Alcohol, Hydrogenated Castor Oil, Talc, PEG-8 distearate, Parfum, BHT, Amyl Cinnamal, Benzyl Benzoate, Benzyl Salicylate, Citral, Citronellol, Coumarin, Eugenol, Geraniol, Hydroxycitronellal, Limonene, Linalool

 

 

 

 

Analyse des composants :

La formule démarre bien fort avec le Cyclopentasiloxane en première position, une substance à base de silicone, suspecté perturbateur endocrinien. Suivi d’un sel d’aluminium, Aluminum Zirconium Tetrachlorohydrex GLY, particulièrement problématique.

Quel est le problème que posent les sels d’aluminium dans les produits cosmétiques ?

Les sels d’aluminium sont des composants réactifs, partiellement solubles, susceptibles de pénétrer dans les tissus de l’organisme. Cela fait un moment que les sels d’aluminium sont montrés du doigts dans différentes études, mais les deux études les plus récentes ont de nouveau relancé le débat du lien entre sels d’aluminium dans les déodorants et  formation de cancers.

Une étude suisse de 2016* s’intéresse à l’implication de l’aluminium dans la formation de cancers du sein. L’étude de André-Pascal Sappino et Stefano Mandriota a démontré que les déodorants contenant des sels d’aluminium provoquent des tumeurs chez les cobayes.

« International Journal of Cancer », Geneva Septembre 2016

Une autre étude de l’été dernier, Insbruck Autriche (Juillet, 2017)*, publié dans EBioMedicine, remet notamment certains sels d’aluminium en lien avec le risque de développer un cancer du sein.

Résultat de cette étude : celles qui utilisent dès leur plus jeune âge un anti-transpirant renfermant des sels d’aluminium, plusieurs fois par jour et sur des aisselles rasées, doublent leur risque de développer un cancer du sein. 

Comme souvent, la réponse des autorités* se veut rassurante et propose des restrictions de concentration (0,6%) qui sont pas toujours respectées.

« L’analyse des données a permis de proposer une restriction de la concentration en aluminium à 0,6 % dans les produits antitranspirants ou déodorants. Il convient de préciser que cette restriction ne concerne pas l’exposition sur peau lésée comme par exemple après le rasage ou des micro-coupures.De ce fait, l’Afssaps recommande de ne pas utiliser d’antitranspirants contenant de l’aluminium sur peau lésée. »  Mais la proposition de restriction reste qu’une proposition.

Selon les informations du BfR* « des taux de 20 % sont tout à fait habituel dans les anti-transpirants». Cela correspondrait à un taux d’aluminium d’environ 5 %. 

Les bulletins de la fédération allemande des professionnels des cosmétiques et produits nettoyants (Industrieverbandes Körperpflege- und Waschmittel e.V. (IKW) indiquent de leur côté des concentrations de chlorhydrates d’aluminium qui vont jusqu’à 30 %, dans les crèmes anti-transpirantes par exemple. (IKW, 2012).

Autre problématique : Les sels d’aluminium, obstruent les glandes sudoripares

Les chlorhydrates d’aluminium et les sulfates employés dans de nombreux déodorants conventionnels empêchent la sueur de perler à la surface de la peau, ils obstruent donc les pores. Ce qui peut entraîner démangeaisons et irritations de la peau.

Une distinction en ce qui concerne les composants à base d’aluminium s’impose :

Tous les composants qui s’appellent ou qui commencent en terme INCI par « Aluminum » ou « Alumina »  ne sont cependant pas des « sels d’aluminium ».

Il est important de faire la distinction entre les chlorhydrates d’aluminium* et les oxydes, hydroxydes et silicates** d’aluminium (qui font aussi par exemple partie de la composition des argiles, cf. “bauxite” ou „corundum“, naturellement présents sur terre)

*Chlorohydrates d’aluminium (parmi d’autres)

  • Aliminium Chloride
  • Aluminium Chlorhydrate
  • Aluminium Chlorhydrex
  • Aluminium Chlorhydrex PG
  • Aluminium Distearate
  • Aluminium Sesquichlorohydrate
  • Aluminium Starch Octenylsuccinnate
  • Aluminium Zirconium Trichlorohydrex GLY

**Oxydes/Hydroxydes d’aluminium (parmi d’autres)

+ Alumina (= aluminiumhydroxyde)

+ Aluminium/Magnesium  Hyroxide Stearate

+ Aluminium Starch Otenylsuccinate

+ Aluminium Silicate

  • Les oxydes, silicates et hydroxydes d’aluminium sont des alumines chimiquement inertes, c’est-à-dire qu’en l’état, ils ne sont pas chimiquement réactifs. 
  • Les oxydes et hydroxydes d’aluminium ne libèrent pas d’aluminium, mais cela peut être le cas avec chlorhydrates d’aluminium, considérés solubles.

(Au passage ; évitez par exemple de faire cuire vos aliments dans du papier aluminium avec du citron… meilleur moyen pour rendre l’aluminium disponible et… de l’absorber)

Revenons à notre produit

Ananlyse des composants :

Des substances controversées se sont glissées dans la formule :

  • Cyclopentasiloxane en première position, une substance à base de silicone, perturbateur endocrinien suspecté.
  • Aluminum Zirconium Tetrachlorohydrex GLY, qui fait partie des sels d’aluminium, voir problématique expliquée ci-dessus, restrictions d’utilisations (20%) en 2ème position, donc présent en grande quantité
  • Des PEG en 3ème et 7ème position, PPG-14 Butyl Ether/PEG-8 distearate, ce sont des matières éthoxylées. Obtenues à partir de gaz extrêmement réactifs et toxiques, issues d’un procédé chimique qui impose des mesures de sécurité les plus strictes. Les PEG sont par ailleurs susceptibles de rendre la barrière de la peau plus perméable à d’autres substances et ne sont pas très biodégradables, donc polluantes.
  • Le BHT (10 me), perturbateur endocrinien suspecté, classé comme réellement problématique (cancérogènes possible) dans certains pays, 

Verdict : Une copie tout à fait « brute de décoffrage » qui ne fait même pas semblant…

Un « amalgame impressionnant » de composants controversés et problématiques, très peu recommandables.

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Commentaire: cet article date de 2018

Les compositions des produits peuvent changer, même une gamme entière peut changer d’orientation d’une année à l’autre et choisir de supprimer ou de rajouter certains composants, par exemple. Aucun site ou magazine de consommateur actualise en permanence ces changements, ce serait un travail gigantesque, à faire en continu. Et les articles ne sont pas supprimés à la simple demande des fabricants qui expliqueraient que les formules aient changé de formulation depuis la parution du test. Le test produit reflète par contre «l’image exacte du moment», les tests sont clairement datés.