La Vérité sur les Cosmétiques… La suite du site, Rita Stiens

Chers lectrices et lecteurs

 

Rita Stiens :

Comme vous avez pu le constater, il n’y a pas eu de nouveaux articles depuis un moment sur mon site, je m’en excuse auprès de mon lectorat fidèle.
Je suis depuis un moment déjà très impliquée dans d’autres projets, notamment un projet passionnant de politique locale et régionale dans la commune où je réside actuellement. Ces projets me prennent d’autant plus de temps que je sais rarement faire les choses à moitié : me voilà donc embarquée dans d’autres aventures, toutes aussi passionnantes que celles que j’ai pu rencontrer dans mon travail de recherche sur les cosmétiques.
A plusieurs reprises, des personnes de mon entourage en France m’ont encouragée pour poursuivre le travail approfondi autour des cosmétiques, que j’avais initié il y a quelques années déjà avec la toute première édition de mon livre en 2001 « La Vérité sur les Cosmétiques » (la dernière version est toujours disponible auprès des éditions Leduc.S dans toutes les librairies. Le livre a depuis été traduit en quatre langues)
A l’époque, seul un petit cercle d’initié(e)s s’intéressait aux problématiques et aux enjeux du secteur des cosmétiques et la première version du livre se vendait principalement dans les magasins bio et s’adressait donc à des consommateurs/consommatrices déjà plus ou moins informé(e)s.

Et puis il y a eu cette fameuse émission d’Envoyé Spécial en 2005 avec son travail de recherche sérieux –qui dénonçait l’utilisation de certains composants dans les cosmétiques conventionnels (ah les fameux «parabènes »- dont tout le monde a entendu parler depuis) – et qui montrait des alternatives, en présentant des marques de cosmétiques bio et naturels.
Mon  livre a eu son petit moment de gloire lors ce qu’il a été présenté dans l’émission et le stock restant s’est ensuite vendu à vitesse grand V les semaines suivantes.

Tout le secteur des cosmétiques naturels et bio certifiés a par la suite bénéficié d’un essor exceptionnel, cet élan a fait naître ou croitre l’intérêt des consommateurs dans leur  recherche d’alternatives aux produits conventionnel et cela a dynamisé toute la branche des cosmétiques.
Que de chemin parcouru depuis 2005 ! Une multitude de nouvelles marques sont apparues sur le marché français, d’autres labels de certification ont émergé, et le secteur des cosmétiques « conventionnels» doit désormais faire face à un nouveau concurrent sérieux, le secteur des cosmétiques naturels et bio, qui fait preuve d’innovation et de dynamisme. Le secteur bouge, les attentes des consommateurs aussi et ce fut pour moi un réel plaisir d’accompagner cette évolution et ces changements pendant toutes ces années.

Mais il n’y a qu’une certitude dans la vie : les choses changent. J’ai donc décidé de me consacrer à d’autres sujets, de m’investir dans d’autres projets qui m’accaparent à plein temps.

Après plusieurs mois de «silence radio», le site va donc reprendre du service, tout en gardant la même ligne éditoriale : des tests produits, des sujets thématiques, des analyses critiques et la fonction phare du site : la possibilité d’éditer le «profil» de son produit cosmétique avec la recherche INCI.

Pour prendre la relève éditoriale de mon site, j’ai choisi de passer la main à une connaissance professionnelle qui connaît bien le sujet : Anne Dubost, ancienne Responsable de Communication chez un grand distributeur de cosmétiques bio. Elle a suivi l’évolution et les enjeux du secteur des cosmétiques depuis des années et donc  a pu tout au long de son parcours approfondir ses connaissances sur le sujet des cosmétiques, ce qui permet de situer les sujets dans leur contexte. Je viendrai occasionnellement apporter ma contribution personnelle pour enrichir le débat et rajouter des thématiques qui me tiennent à coeur.

Un grand merci à toutes celles et ceux qui m’ont soutenue et suivie pendant toutes ces années, c’était un parcours riche en émotions et rebondissements, parfois même semé d’embuches…. mais toujours passionnant !

A mon tour de me présenter….

Anne Dubost :

Le chemin qui m’a mené vers le secteur des cosmétiques n’est pas forcément linéaire…Ayant grandi en Allemagne, vécu et travaillé en Grande-Bretagne, ce sont finalement des études littéraires de littérature anglophone qui m’ont amenée à Montpellier. Après quelques expériences formatrices, -mais pas tellement passionnantes-, dans le secteur de l’informatique toujours à l’affut de profils trilingues, j’ai décidé de m’orienter vers des secteurs plus en lien avec mon style de vie et mes valeurs.
J’ai pu intégrer la société Bleu Vert (distributeur des marques Logona, Aqua Bio, SANTE, Neo Bio, Lakshmi, Aries et Sodasan) à l’époque où chez Bleu Vert il fallait juste quelques minutes pour laver les tasses à café, vu que nous étions très peu nombreux.
A l’époque j’utilisais déjà quelques cosmétiques naturels et bio au quotidien, mais c’est au contact de l’offre diversifiée et la palette large de produits de qualité disponibles que j’ai réellement remplacé tous les produits dans ma salle de bain.
Quel progrès dans l’offre et dans la qualité des produits bio depuis 20 ans par rapport à l’époque où jeune ado j’arpentais les rayons des magasins bio en Allemagne à la recherche de maquillage «non testé sur les animaux» et que s’y battaient en duel trois rouges à lèvres tristounets !

Après avoir occupé le poste de Responsable de Communication de Bleu Vert pendant plusieurs années, j’ai pris mon envol en créant une agence de communication spécialisée dans le secteur bio et les thématiques autour du développement durable.

Je connais Rita Stiens depuis de nombreuses années, j’ai régulièrement collaboré avec elle pour des missions de traductions, j‘admire le sérieux de sa démarche, son authenticité et sa volonté de mener ses recherches de manière indépendante. En tant que journaliste, elle a souvent eu le courage de s’attaquer à des «patates chaudes» avec son approche critique du secteur des cosmétiques, que ce soit celui des cosmétiques naturels et bio ou celui des cosmétiques conventionnels. Souvent imité, mais jamais égalé…le regard critique qu’elle a posé depuis des années sur le secteur reste incontournable.

Quand Rita m’a fait part de son souhait de s’investir dans d’autres projets, j’ai essayé à plusieurs reprises de l’encourager à continuer son précieux travail sur ce site.
Ensuite, en me remémorant tout ce que le travail de Rita avait apporté au secteur des cosmétiques en France et du repère qu’il  représentait pour beaucoup de professionnels, journalistes ou consommateurs, la volonté de faire perdurer ce travail l’a emporté sur mes doutes ; il faut que ce site continue à vivre …. Aussi pour rendre hommage à tout l’investissement personnel et professionnel qu’il a pu représenter pour Rita Stiens jusqu’à aujourd’hui.

Je vais donc faire de mon mieux pour reprendre le flambeau, assurer la relève, informer, «aller au charbon» quand il le faudra, actualiser et partager toutes les précieuses informations du site.

Un grand merci à Rita Stiens pour tout le travail accompli et je me réjouis d’avance de nos prochains échanges, lors ce qu’elle apportera ses contributions…


Est ce que je suis vraiment contre la cosmétique naturelle et bio française ?

Octobre 2014

J’ai reçu le message suivant dans mon livre d’or de la part de «Beth» le 16 septembre « On a l’impression que vous avez crée ce site pour casser les produits cosmétiques de France. J’ai remarqué que vous mettez souvent en valeur les produits cosmétiques naturels fabriqués en Allemagne. » J’ai également reçu un message de la part de «Courilleau» le 1er octobre 2014 qui va dans le même sens : « Je trouve que vous exagérez les qualités des industriels Allemands, j’ai acheté des produits de la marque Docteur Hauschka et je trouve que c’est bien cher au regard des ingrédients c’est à dire de l’eau, de l’alcool pour que ça se conserve. J’ai remarqué aussi que les fabricants de cosmétique Allemands sont assez branché alcool, ça ne coûte pas cher et ça conserve tout… ». Est ce que j’ai vraiment une dent contre la cosmétique naturelle et bio française ?
Que veulent dire Courilleau et Beth, quand ils me reprochent de mettre en avant les cosmétiques allemands et de défavoriser d’autres cosmétiques ? Courilleau pour sa part avance au moins un point concret : le sujet de l’alcool, c’est à dire l’utilisation de l’alcool en tant que conservateur.
Point de discorde : conservation/alcool 
Quel est le meilleur moyen pour conserver les produits de cosmétique naturelle et bio ?
C’est une question clé. Le constat vaut de manière générale : Les moyens de conservation autorisés sont précisés en détail dans un annexe de la règlementation des cosmétiques. Une tout petite partie de ces moyens de conservation sont également autorisés en cosmétique naturelle et bio.
Tous les standards de certification de cosmétique naturelle et bio autorisent à peu près le même tronc commun de conservateurs de synthèse. Ils s’agit bien là de conservateurs chimiques et non de composants entièrement naturels.
L’alcool ne fait pas partie du listing des moyens de conservation. Mais ce composant possède également des effets de conservation. Il existe plusieurs matières actives de ce type. La glycérine ou les huiles essentielles, par exemple, contribuent également à la conservation d’un produit.

Quel type de conservation est nécessaire pour un produit ?
Pour déterminer quel type de conservation est nécessaire pour un produit précis et pour décider si ce produit nécessite l’utilisation de conservateurs issus du listing des conservateurs autorisés, il faut aussi tenir compte de la formulation globale d’un produit et de bien d’autres facteurs, comme les emballages (en tube ou pot).
En ce qui concerne la conservation des produits cosmétiques, il n’y pas qu’une seule approche ,- et il y a toujours eu une multitude de différentes façons de faire.
Certains fabricants utilisent par exemple de l’alcool et n’emploient aucun des conservateurs de synthèse autorisés. Ce qui ne veut pas dire que l’alcool est présent dans chaque produit.
D’autres utilisent principalement les conservateurs de synthèse doux autorisés en cosmétique naturelle et bio.
D’autres encore conservent les produits par d’autres moyens, par exemple la méthode de l’UHT (procédé encore très rare). Plus d’informations à ce sujet ici : www.laveritesurlescosmetiques.com/themen2014_07.php
Et certains travaillent avec des composants de matières actives combinés; comme par exemple des matières actives à base de glycérine, de Sodium Levulinate et de Sodium Anisate, qui remplissent une double fonction ; ils sont à la fois matières actives (protection du ph naturel de la peau) et agents antimicrobiens (et conservateurs). Un produit qui contient ce type de matières actives, peut pratiquement se conserver tout seul. Ce qui veut dire qu’il n’est pas nécessaire de rajouter de conservateurs supplémentaires, ou de l’alcool.
Dans son message, Courilleau prétend apparemment qu’il serait préférable de se passer d’alcool et d’utiliser à la place les conservateurs de synthèse autorisés en cosmétique naturelle et bio. Beaucoup de fabricants de cosmétique naturelle en bio travaillent ainsi, pas seulement en France. Voici quelques exemples de marques françaises.

A

B

Qu’est ce qui est mieux ? L’alcool ou d’autres moyens de conservation ?
En critiquant l’alcool, il faudrait répondre à une question: Est ce qu’il est préférable d’utiliser à la place de l’alcool un mélange de conservateurs de synthèse comme le sorbate de potassium, l’acide déhydroacétique, du benzoate de sodium et l’acool benzylique ?
Il faudrait également prendre en considération que les différents conservateurs de synthèse sont employés en quantité différente dans les différents produits certifiés. Quelle composition des conservateurs habituellement utilisés dans quelle quantité est préférable à un taux d’alcool ? Je ne connais aucune étude ou aucun expert qui pourrait répondre à cette question.

Même les conservateurs de synthèse doux autorisés en cosmétique naturelle et bio ne sont pas «tout blanc» non plus.
Pour quelle raison ? Les conservateurs sont sensés neutraliser des microorganismes. Tant qu’ils agissent ainsi, ils remplissent leur fonction. Mais toute matière qui détruit des microorganismes peut également s’avérer problématique pour la peau ou la santé, si elle n’est pas dosée avec précaution ou si ses effets secondaires n’ont pas suffisamment été étudiés.
Il n’existe aucune d’étude qui démontre la toxicité des conservateurs de synthèse doux autorisés en cosmétique naturelle et bio.
Ce qui ne veut pas dire non plus qu’ils sont tout à fait irréprochables. Il y a par exemple des personnes qui ne supportent ni l’acide benzoïques (Benzoic Acid), ni l’acide sorbique (Sorbic Acid).
Etant donné que les conservateurs de synthèse autorisés en cosmétique naturelle et bio ne sont pas complètement irréprochables, des taux limites d’utilisation ont été fixés, même pour ces composants. Selon le règlement européen des cosmétiques, leur utilisation est réglementée par un taux d’utilisation maximale : deux exemples :
L’acide benzoïque (Benzoic Acid) ne peut être utilisé qu’à hauteur de 0,5%, pour les produits qui sont sensés rester sur la peau.
Pour les composants Sorbic Acid et Dehydroacetic Acid la concentration maximale est de 0,6%.
La liste INCI d’un produit indique si les produits sont conservés avec des conservateurs de synthèse ou avec de l’alcool. La liste ne donne par contre pas d’indication plus précise concernant les méthodes de conservation en détail. D’autres conservateurs peuvent également se retrouver dans la formulation, par le biais de matières premières isolées notamment, qui ont elles-mêmes été conservées avec des conservateurs de synthèse. C’est ainsi que chaque produit représente un véritable «puzzle» en matière de conservation.

Alcool: Tout dépend de la quantité employée et du type de produit concerné
Qu’est ce qui joue en défaveur de l’alcool ? L’argument principal, -qu’il dessècherait la peau-, n’est pas tenable. La glycérine, par ex., est un composant principal de beaucoup de crèmes. Si l’on appliquait de la glycérine en concentration de 100%, elle soustrairait de l’hydratation à la peau. En concentration bien moindre, la glycérine a un effet positif.
Concernant l’alcool, tout dépend de la quantité employée et du type de produit dans lequel il est utilisé.
Par ailleurs : pour l’alcool, l’aspect naturel joue également un rôle important. Surtout pour des fabricants qui utilisent principalement de l’alcool bio.

Il existe des produits de cosmétique naturelle et bio -aussi de marques allemandes- qui n’utilisent ni l’alcool, ni les conservateurs de synthèse autorisés
D’affirmer de manière généralisée comme le fait Courilleau que „les fabricants de cosmétique Allemands sont assez branché alcool“ est un constat erroné, avec tous le respect que je dois à cette contribution.
Les fabricants qui travaillent avec l’alcool en tant que conservateur n’intègrent pas l’alcool de manière systématique dans tous leurs produits.
Voici un exemple concret concernant les produits de la marque Dr. Hauschka, étant donné que la marque est citée par Courilleau. Les exemples suivants montrent d’une part que ce ne sont pas seulement des produits allemands qui contiennent de l’alcool, mais également des produits venant d’autres pays. Par exemple des produits en provenance de Lettonie (produits certifiés selon la cahier des charges français Ecocert) ou de Suisse.
Ces exemples montrent par ailleurs qu’il existe des produits avec ou sans alcool chez une même marque, comme c’est par exemple le cas pour Dr. Hauschka (et pour bien d’autres).
Ces exemples illustrent également bien le fait qu’il existe des produits de cosmétique naturelle et bio allemands, mais également d’autres pays (notamment français) qui contiennent ni alcool, ni conservateur de synthèse autorisé en cosmétique naturelle et bio.
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Les produits ne sont pas mis en avant ou laissés de côté en fonction de leur type de conservation ou de leur pays der provenance.

  • Les exemples de produits le montrent bien : d’analyser la conservation d’un produit en fonction de son pays de provenance mène à l’impasse.Vous constaterez par ailleurs qu’aucun des conservateurs de synthèse autorisés en cosmétique naturelle et bio ne se retrouve classé en dessous de la note 2 (bien) dans l’évaluation du lexique INCI. Ces évaluations se basent également sur le fait qu’il s’agit dans ce cas-là de substances de synthèse.
  • En ce qui concerne les conservateurs utilisés dans les différents produits, les consommateurs ont le choix, indépendamment de le provenance du produit.
  • Ceux qui souhaitent privilégier des produits sans alcool en trouveront dans le commerce.
  • Il existe également des produits qui ne contiennent ni alcool, ni conservateurs de synthèse autorisés en cosmétique naturelle et bio.
  • L’hypothèse qui affirmerait que les produits qui contiennent de l’alcool doivent obligatoirement être considérés plus problématiques que les produits qui contiennent des conservateurs de synthèse autorisés en cosmétique naturelle et bio, ne tient pas debout.

Ce n’est pas une question de „nationalité“, mais une question de fabricants – et de type de certification
Je voudrais revenir à la question du départ : comment se fait-il que l’on pourrait avoir l’impression que la provenance d’un produit viendrait en compte dans l’analyse d’une thématique autour des cosmétiques ?

  • En ce qui concerne le mode de conservation, ni les produits français, ni les produits d’autres pays qui travaillent avec les conservateurs de synthèse autorisés sont défavorisés par rapport aux fabricants qui utilisent l’alcool à la place. Les évaluations des produits varient essentiellement entre 1 (très bien) et 2 (bien). Avec une mention «bien», on ne peut vraiment pas parler d’évaluation négative.
  • Pour quelle raison Beth affirme donc que „on a l’impression que vous avez crée ce site pour casser les produits cosmétiques de France“? Peut être qu’elle/il n’apprécie pas les remarques critiques au sujet de quelques aspects du cahier des charges français Ecocert.
    Concernant le référentiel Ecocert (qui ne certifie pas que des produits français, mes également en provenance d’autres pays), j’émets par exemple des critiques à l’égard de l’utilisation des huiles de synthèse (=huiles ésterifiées), qui sont autorisés dans les formulations, sans aucune restriction. Cela signifie en pratique que de tels huiles de synthèse peuvent réduire le taux ou même entièrement remplacer d’authentiques huiles végétales dans des crèmes, par exemple. Voir : www.laveritesurlescosmetiques.com/themen_008_fr.php
  • Dans le lexique INCI, les authentiques huiles végétales reçoivent la note 1 (très bien), car il s’agit là d’authentiques composants naturels.
  • Les produits qui contiennent des huiles ésterifiées ne sont pour autant pas dévalués dans mes analyses de produits. Les huiles ésterifiées autorisées en cosmétique naturelle et bio reçoivent la note 2 (bien). La différence d’évaluation se justifie par le fait qu’il s’agit d’huiles de synthèse d’origine naturelle et non d’authentiques huiles végétales naturelles.

L’utilisation d’eau florale à la place de l’eau – un gage de qualité ?

Dans son message Courilleau émet des critiques au sujet de l’utilisation de l’eau dans les produits du Dr. Hauschka. Sans doute que la lectrice/le lecteur voulait attirer l’attention sur le fait que dans beaucoup de crèmes certifiées par Ecocert, on privilégie l’utilisation d’eaux florales à la place de l’eau employée habituellement. Est ce qu’il s’agit là d’un avantage qualitatif ?

  • A mon avis non, car une eau florale contient principalement de l’eau et très peu de composants végétaux.
    Pour quelle raison utiliser alors de l’eau florale à la place de l’eau? Concernant la certification Ecocert, cet aspect est en lien avec le calcul du taux bio. Mes critiques visent cette pratique du référentiel Ecocert qui permet d’intégrer la partie aqueuse dans le calcul du taux bio. Mais c’est un autre sujet, que vous pouvez approfondir dans mon livre.
  • Quand j’émets des critiques, je rattache ces critiques à des arguments concrets et reste ouverte à l’échange avec d’autres points de vue. Dans les messages de Beth et Courilleau je n’ai malheureusement pas trouvé de points concrets pour un échange constructif.

 

Commentaire : cet article date d’octobre 2014
Les compositions des produits peuvent changer, même une gamme entière peut changer d’orientation d’une année à l’autre et choisir de supprimer ou de rajouter certains composants, par exemple. Aucun site ou magazine de consommateur actualise en permanence ces changements, ce serait un travail gigantesque, à faire en continu. Et les articles ne sont pas supprimés à la simple demande des fabricants qui expliqueraient que les formules aient changé de formulation depuis la parution du test. Le test produit reflète par contre «l’image exacte du moment», les tests sont clairement datés.

Marques et produits testés :

Ekia – Crème Extrême
Cattier – Nectar Éternel Bio Soin anti âge anti ride
Florame – Baume Cou et décolleté remodelant Anti-âge
Douce Nature – Fleur de Shampooing – cheveux gras
Dr. Hauschka (Allemagne) – Crème de Jour à la Rose
Dr. Hauschka (Allemagne) – Crème de Jour à la Mélisse (pour peaux mixtes)
Logona (Allemagne) – Crème de Jour Rose Bio
Melvita (France) – Bio Excellence Naturalift Crème Jeunesse Jour
Farfalla (Suisse) – Age Miracle Crème régénérante riche
Mádara (Lettonie) – Crème contour des Yeux Time Miracle
Sante (Allemagne) – Crème de jour bio Peaux sèches aux baies de Goji
Phyts (France) – Crème Absolue Fermeté Anti Rides

«Sur quelle base se fait l’évaluation positive ou négative d’un composant ?»

                                                                                                                                                                                        Août 2014 


Cette question, qui m’a été adressée par Cyrielle touche à une question qui m’est souvent posée. Cyrielle écrit : « Je trouve ce site très intéressant et très bien fait, seulement je m’interroge sur sa « légitimité » : quelles sont vos sources ? Sont-elles fiables ? … Notamment la recherche INCI, comment faites-vous pour dire si ce produit est mauvais, ou un autre bon ? … »

Voici ma réponse :

La question des sources illustre bien tout le travail qui se cache derrière l’évaluation de celles-ci. Cela fait maintenant presque 20 ans que je traite du sujet et depuis la préparation de mon premier livre sur les cosmétiques en 1997, je suis secondée par un expert en cosmétologie, afin d’évaluer les composants de manière équilibrée.
Evaluer la composition chimique d’un composant est un processus complexe, qui prend du temps pour une grande partie des matières premières. L’un des principaux problèmes est le suivant : il n’existe pas de résultat d’un seul bloc. Généralement on ne peut pas non plus se baser sur une seule étude globale, qui serait sans équivoque. Beaucoup de composants utilisés en cosmétologie ne sont que partiellement étudiés.
Si par exemple le SCCS (Comité de Conseillers Scientifiques de la Commission Européenne) s’interroge sur certaines matières premières, l’industrie doit impérativement fournir les études, dont elle dispose. Mais le problème est le même pour les études présentées provenant de laboratoires différents et difficilement comparables à d’autres. Les recherches sont faites selon diverses méthodes, à partir d’autres interrogations de départ, avec des dosages différents, etc. Par conséquent, les données recueillies peuvent généralement être interprétées de manière très différentes. Certaines études posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses. C’est le cas, par exemple, quand d’autres études contredisent leurs résultats.

Quelles sont les conclusions que l’on peut faire à partir des documents existants ?

Les sujets comme l’aluminium ou les parabènes expliquent bien à quel point les processus d’évaluation sont complexes. Que de fortes doses d’aluminium puissent être nocifs pour l’homme est avéré. Mais concernant l’absorption cutanée et l’effet de l’aluminium présent dans les produits cosmétique, il n’y a pas encore beaucoup d’évaluations. Comme le précise le dernier communiqué (n°. 007/2014, 26. février 2014) l’Institut allemand d’évaluation des risques, le BFR (Bundesinstituts für Risikobewertung) : «Il manque des études importantes et des données cliniques humaines.»

  • Tant que ces études n’ont pas été réalisées, les composants tels que les sels d’aluminium restent donc autorisés dans les déodorants, par exemple. Ce qui veut dire que l’on considère qu’ils sont « sûrs». Par contre, selon mon appréciation, les indications de risques potentiels me font douter de la sûreté de ces composants. Cela explique l’évaluation défavorable de ces produits, même s’il manque des preuves étendues qui démontreraient que les déodorants contenant de l’aluminium représentent un risque sanitaire important. La raison en est le manque d’études avec données cliniques humaines.
  • Pendant des années, il n’y avait donc pas de preuves irréfutables pour mes mises en garde contre des déodorants à base d’aluminium, surtout ceux contenant des chlorhydrates d’aluminium (qui en contiennent parfois jusqu’à 20%). Il n’y a pas plus de preuves aujourd’hui, mais même le BFR questionne aujourd’hui la présence de composants à base d’aluminium dans les cosmétiques et attire l’attention sur un phénomène que j’évoque depuis des années déjà : l’effet «cocktail». Dans son communiqué du 07/2014 on peut notamment lire : «Les consommatrices et consommateurs absorbent déjà des quantités élevées d’aluminium à travers l’alimentation, et la quantité hebdomadaire maximale d’absorption «tolérable» est sans doute déjà atteinte par le seul biais de l’alimentation pour une partie de la population.»
  • Quelles conclusions faut-il en tirer ? Quels dangers représentent les composants à base d’aluminium en cosmétique ? L’alun représente-il un risque ? Au sujet du composant Alun, le BFR constate que : «Malheureusement, on n’en sait encore moins au sujet de l’absorption de l’alun qu’au sujet des chlorhydrates d’aluminium. Nous ne pouvons pas nous prononcer à ce sujet.» (Source : http://m.biohandel-online.de/2014/02/bfr-neue-position-zu-alu-deos/).
  • Et pourtant : on peut partir du principe que même en utilisant un déodorant à base de pierre d’alun, de l’aluminium soit absorbé et se retrouve ensuite dans le corps. Dans son communiqué de 2014, le BFR se base sur les informations dont on dispose aujourd’hui et conclut qu’il est nécessaire de «limiter de manière générale les taux de sels d’aluminium dans les anti-transpirants».

Le cas des parabènes: toujours contestés – et cela depuis 10 ans

Depuis 2004, ce n’est pas seulement le SCCS, qui se préoccupe de nouveau du cas des parabènes. Lorsqu’en 2004, une étude de chercheurs britanniques fit la une et laissa à penser qu’il pourrait y avoir un lien entre les parabènes employés dans des déodorants et le cancer du sein, il était nécessaire de vérifier dans quelle mesure cette affirmation était scientifiquement prouvée.

Même le SCCS (Comité de conseillers scientifiques de la Commission Européenne) s’est depuis activement penché sur ces conservateurs. Qu’est-il advenu des doutes sur les parabènes ?  Le résultat principal est que l’effet cancérigène des parabènes n’a pas pu être prouvé. Les auteurs de l’étude britannique (Darbre et Harvey) se sont distanciés de la conclusion selon laquelle il y aurait une relation entre parabènes et cancer du sein. Ils ont clairement indiqué que leur étude ne permettait pas d’établir un tel lien. L’institut allemand d’évaluation des risques est arrivé, lui aussi, à cette conclusion.

Les parabènes peuvent déclencher des allergies mais comparativement à d’autres substances, les parabènes jouent un rôle mineur dans la fréquence de déclenchement d’allergies. Mais les parabènes ne sont complètement hors de cause pour une autre raison. Un autre aspect se trouve au centre du débat; le fait qu’ils appartiennent à la catégorie des perturbateurs endocriniens. Qu’est ce que cela peut signifier pour la santé de l’homme ? C’est un sujet pour un large débat.

Un premier projet d’études de l’UE – Comprendo – a démontré que les substances endocrines, c’est-à-dire des substances qui agissent comme des hormones, sont plus dangereuses pour l’homme et l’environnement que supposées jusqu’alors. On a pu prouver qu’elles ont des conséquences lourdes sur la reproduction, le développement et le système immunitaire d’un nombre important d’espèces animales.

Je m’oppose aux matières premières dont les risques ont clairement été identifiés (ex, l’activité perturbatrice du système hormonal), car j’adhère à la devise : en cas de doute, optons pour la sécurité. L’industrie cosmétique serait tout à fait en mesure de se passer de parabènes et d’autres conservateurs contestés, si elle investissait davantage dans la recherche et le développement. La cosmétique naturelle et bio certifiée le prouve bien, en se passant de ce type de conservation.

Il y a toujours de nouvelles conclusions

Avec la multitude de composants existants, le processus d’évaluation des risques est un travail en continu, étant donné que d’autres études et de nouvelles connaissances se rajoutent au fur et à mesure. Les évaluations des composants dans mes livres et d’autres publications sont basées sur une analyse permanente de différentes sources et appuyées par les connaissances approfondies de l’expert en cosmétologie. Cette connaissance approfondie inclut également toutes les connaissances autour des composants chimiquement très réactifs, que l’on retrouve également dans les produits cosmétiques. Etant donné que personne ne connaît les caractéristiques, particularités et sensibilité de la peau de chaque individu, des composants chimiquement très réactifs représentent un réel risque. En interaction avec d’autres substances de synthèse hautement réactives, ces composants peuvent déclencher des effets que l’on peut difficilement évaluer en amont. Car la peau n’est pas seulement en contact avec des produits cosmétiques, mais avec un grand nombre d’autres substances de synthèse.

  • Que certaines substances soient susceptibles de développer des nitrosamines (qui sont cancérigènes) est bien connu, il suffit d’étudier les conclusions des études du SCCS. De telles substances ne sont pas interdites pour autant. La raison est simple : la législation précise que c’est le devoir du fabricant d’éviter que ces nitrosamines se forment. Et c’est bien là que se trouve le problème : les autorités démasquent régulièrement des produits qui ont des taux de nitrosamines trop élevés. Tant que ces substances seront autorisées, le consommateur restera exposé à ce risque. C’est la raison pour laquelle ce type de substances reçoit une évaluation défavorable.

Il est indispensable, de toujours avoir l’oeil sur ces différentes sources.

Les plus importantes, qui sont régulièrement interrogées sont par exemple les suivantes : l’institut allemand d’évaluation des risques le BFR (Bundesinstituts für Risikobewertung)), la liste du taux MAK (pour concentration maximale sur le lieu de travail), les nombreuses évaluations européennes (SCCS) ou publications de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et autres publications internationales. Une autre source importante pour l’évaluation des risques allergiques, est le travail de la Fédération pour l’Information des Cliniques Dermatologiques (Informationsverbund Dermatologischer Kliniken, IVDK). Le IVDK centralise ses activités à l’institut dermatologique de l’Université de Göttingen où se trouve son siège. Elle dispose de la plus importante banque de données concernant les allergies. 40 cliniques dermatologiques d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse appartiennent à cette fédération, qui a rassemblé depuis sa création des informations sur 90 000 patients allergiques, et teste environ 10 000 nouveaux patients chaque année. Le système de veille de l’IVDK permet de donner rapidement et efficacement l’alarme.

  • Finalement, les évaluations de composants sont le résultat d’un processus complexe où l’on examine avec soin toutes les implications. Ce qui veut dire que l’on se trouve souvent face à des études avec un résultat contradictoire, dans ce cas on peut seulement évaluer de manière pondérée le risque potentiel que représente la substance. Les conclusions que j’avance en partant des informations dont je dispose, sont très souvent en désaccord avec les conclusions législatives européennes.
  • Je m’oppose par exemple à un grand nombre de composants que les autorités compétentes estiment sans risque, dans le cadre d’un certain dosage. Ce qui me conforte dans mes convictions, c’est que ces dernières années, un grand nombre de composants comme par exemple les phtalates, certains filtres UV de synthèse, des colorants capillaires étaient considérés comme «sûrs». Finalement on s’est aperçu que ce n’était pas du tout le cas.
  • J’aurais bien aimé donner une réponse plus courte et moins «complexe», à la question de Cyrielle, malheureusement, ce n’est pas aussi simple que cela.