Eau et cosmétiques; gestion des ressources le défi des années à venir, quelles solutions ?

Eau & cosmétiques  : la planète bleue….manque d’eau

Avant d’évoquer la problématique de la gestion de l’eau et des cosmétiques, il s’avère utile de remettre la problématique dans le contexte plus large.

La « planète bleue », c’est le nom que nous donnons à la Terre. ¾ de la surface de notre planète est occupée par l’eau, mais seulement 0,1% de cette ressource est potable….Et comme le précise de manière officielle le service public d’information sur l’eau*, les enjeux sont multiples.

Les enjeux de l’eau

« La politique publique de l’eau s’inscrit ainsi pleinement dans le développement durable, en visant une gestion équilibrée des ressources en eau. Sur le long terme, elle doit permettre le développement des usages économiques de l’eau (enjeux économiques), assurer l’accès de tous à une eau de qualité (enjeux sociaux), tout en garantissant la préservation des ressources en eau et des milieux aquatiques (enjeux écologiques). »

Passons sur le fait que les communication officielles semblent évoquer les enjeux économiques bien avant la problématique réelle, celle du manque d’eau potable dans le monde qui fait partie des défi majeurs de 5 milliards d’êtres humains d’ici 2050. Cette problématique va donc bien au-delà de la gestion de l’eau dans les cosmétiques.

Une flaque d'eau qui rappelle la question de l'eau et cosmétiques, la pollution de l'eau causée par les cosmétiques
La planète bleue manque d’eau

@Unsplash_Linus_Nylund

Surconsommation et changement climatique

Sous la pression de la « surconsommation » et du changement climatique, les pénuries d’eau «tendent à se généraliser», faisant peser un «risque imminent» d’une crise mondiale de l’eau, met en garde un rapport de l’ONU publié le 21 mars. Le monde doit se préparer à une « crise de l’eau douce », les pénuries vont se multiplier et créer de plus en plus de tensions.

Du côté de la surconsommation: l’agriculture consomme 90% de nos ressources en eau, comme le précise entre autre Juliette Duquesne. (L’eau que nous sommes. Un élément vital en péril -Presses du Châtelet, 2018). Comment gérer alors durablement la problématique de surconsommation d’eau ?

« D’abord en pratiquant une agriculture biologique, en agroécologie ou permaculture. Car le poids de l’agriculture est énorme, même par rapport à la consommation domestique ou industrielle. », précise l’auteur.

L'eau, une ressource précieuse aussi pour le secteur des cosmétiques
Eau, ressource précieuse

@Unsplash-Daniele_Levis_Pelusi

Le lien entre agriculture bio et ressources en eau

Le fait d’encourager l’agriculture biologique, l’agroécologie ou la permaculture n’est donc pas juste un choix de « bobos à la mode », mais devient une nécessité pour protéger, entre autre, la pérennité de nos ressources en eau. 

Sans évoquer des risques et dangers qu’engendre l’agriculture intensive (calé sur le rendement à grande louche de pesticides) pour notre santé et celle de la planète. Et bien sûr que l’agriculture biologique a un prix plus élevé… à moins que ce soit l’agriculture intensive qui ne soit pas assez «chère » ? Vu tout l’impact de destruction que l’agriculture productiviste engendre, de nombreuses analyses proposent désormais de calculer le coût à un plus large échelle

Le bio pas pour tout le monde ?

Les produits issus de l’agriculture biologique ont un prix plus élevé ( = correspondant à la réalité du travail effectué) et que ce soit dans le domaine de l’alimentaire ou des cosmétiques, les produits bio sont désormais disponibles dans toutes les catégories de prix : du plus abordable … aux tarif de luxe. De nombreuses pistes existent désormais pour bénéficier de produits bio… même en fonction de son budget.

Et bien entendu que ce message s’adresse principalement et d’abord et en priorité à tous ceux et celles qui ont largement les moyens d’encourager l’agriculture biologique, au quotidien.

 

Il existe un lien entre l'eau et l'agriculture pour préserver cette ressource
Le rôle de l’agriculture pour préserver l’eau

@Unsplash-Markus_Spiske

 

Eau ; et le secteur des cosmétiques, alors ? 

Et pour en revenir au sujet des cosmétiques, il s’agit en France tout de même d’un secteur qui génère 26 MRd de chiffre d’affaires et donc de toute une industrie qui se sert également de l’eau pour la fabrication ou formulation de ses produits. 

Exemple côté formulation cosmétiques :  un produit cosmétiques peut contenir 60- 90% d’eau…Au-delà des considérations politiques, quelles sont les solutions côté industriels ou même des consommateurs, en ce qui concerne les produits cosmétiques et nos habitudes dans la salle de bain ?

Deux leviers

Simplifions le débat, il y a principalement deux lévriers concernant la gestion de l’eau dans les cosmétiques:  

  • éviter la surconsommation de l’eau à tous les niveaux &

  • réduire la pollution de l’eau

(=traitements couteux supplémentaires pour la rendre potable de nouveau)

Eau et cosmétiques : Côté Fabricants 

1. Réduire l’utilisation d’eau dans les formulations cosmétiques 

La première étape pour économiser de l’eau dans les cosmétiques consiste à repenser les formulations. Les fabricants peuvent adopter des techniques de formulation innovantes qui réduisent la quantité d’eau nécessaire sans compromettre l’efficacité des produits.  Et aussi prendre en considération l’aspect eau dans le choix des matières premières (modes de cultivation, extraction, processus de transformation) et proposer des formulations de produits moins «énergivores en eau»

2. Encourager l’utilisation de produits cosmétiques sans eau 

Une autre approche intéressante consiste à promouvoir les produits cosmétiques sans eau/cosmétiques solides. Ces produits sont fabriqués sans l’utilisation d’eau dans leur formulation, ce qui réduit considérablement la consommation d’eau associée à leur production. De plus, ils peuvent être plus concentrés en ingrédients actifs, offrant ainsi des avantages supplémentaires pour notre peau. Comme par exemple des cosmétiques solides (avec des formulations irréprochables, qui justement ne polluent pas davantage de nouveaux).

3. Sensibiliser à la pollution de l’eau due aux cosmétiques 

L’utilisation de certains ingrédients dans les produits cosmétiques peut contribuer à la pollution de l’eau. Par exemple, les polyfluoroalkyls (PFAS aussi appelés polluants éternels), qui sont couramment utilisés, peuvent être toxiques pour les écosystèmes aquatiques et pour l’humain. Plus d’informations à ce sujet dans l’article Les PFAS c’est quoi – au juste ?

Il est primordial aussi d’écarter des ingrédients qui polluent davantage les nappes phréatiques : PFAS (polluants éternels), micro-plastiques, silicones, PEG, etc, Filtres UV de synthèse controversés, etc.  Il est donc essentiel d’éviter les produits contenant ces substances et de choisir des alternatives plus respectueuses de l’environnement. (par ex. des cosmétiques bio certifiés, qui excluent systématiquement ces substances.) A défaut : lire les étiquettes.

 

Eau et cosmétiques : Coté consommateurs  

  • Réduire -de manière considérable- le nombre de produits utilisés, cela fait toujours sens. 
  • S’inspirer de la mouvance « zéro déchet », même pour la salle de bain.
  • Privilégier, quand cela fait sens, des produits solides, ainsi que des produits certifiés bio ou des produits aux formulations irréprochables.
  • Appliquer, autant que possible, tous les éco-gestes dans la salle de bain, comme dans le reste de la maison pour éviter une sur-consommation d’eau.

Conclusion:

Pour économiser de l’eau et préserver cette précieuse ressource, il est important de repenser nos habitudes de consommation cosmétique et de s’engager aussi pour la sobriété hydrique- que ce soit du côté de l’industrie ou du côté des consommateurs. En réduisant l’utilisation d’eau dans les formulations, en encourageant les produits sans eau et en évitant les substances polluantes comme les PFAS, les silicones, les micro-plastiques, les PEG ou les filtres UV de synthèse nous pouvons tous contribuer partiellement à protéger davantage notre environnement et à préserver notre eau propre et saine.

 

 

Eau et Cosmétiques : en route pour la sobriété hydrique

 

 

 

Microplastiques & cosmétiques, pollution pas fantastique…

Microplastiques & cosmétiques

Le plastique, ce n’est pas vraiment fantastique – même pour les produits cosmétiques !

Le plastique, le contexte historique

A l’échelle de l’évolution humaine mondiale, le plastique a fait son apparition assez récemment, avec l’apparition du bakélite en 1907 et celle du PVC en 1924, par exemple. Les matières plastiques qui vont être développées au 20ème siècle seront, pour la plupart, issues de la pétrochimie – produites à partir de fractions raffinées de pétrole. Et c’est surtout à partir des années 50, avec la consommation « de masse », et l’offre diversifiée de matières plastiques, que ces matériaux vont s’immiscer dans nos quotidiens… jusqu’à saturation, mettant désormais en péril notre santé, celle des animaux et de la planète.Pour illustrer l’exemple, prenons notre loupe pour scruter la problématique de plus près avec la pollution des microplastiques.

Les microplastiques, Késako ?

Définition : les microplastiques sont de minuscules morceaux de plastique qui mesurent généralement moins de 5 millimètres. On fait également la distinction entre:

  • Les microplastiques primaires = des microplastiques synthétisés puis ajoutés de façon intentionnelle (cette partie concerne la formulation des produits cosmétiques, par exemple)
  • Les microplastiques secondaires =  des microplastiques qui proviennent de la dégradation de déchets plastiques plus grands (cette partie concerne notamment aussi les emballages des produits cosmétiques)

Les microplastiques dans les cosmétiques

Les microplastiques « rajoutés » sont encore largement présents dans les cosmétiques de nos jour sous forme de polymères de synthèse ou de microbilles. Leurs fonctions sont multiples, ils interviennent en tant qu’agent exfoliant (microbilles), filmogène (par ex. les silicones, que l’on qualifie aussi de « plastiques liquides »), régulateur de la viscosité, font office de liant, etc…

Concernant les ingrédients de type « microbilles » que l’on peut encore retrouver en tant qu’exfoliant dans des gommages, gels douches, ou d’autres « produits rincés » : Ils peuvent représenter jusqu’à 10% du poids total du produit* – ce qui correspond à plusieurs milliers de microbilles par gramme de produit !

 

Les microplastiques, c'est quoi déjà ?
Les microplastiques, c’est quoi déjà ?

       

Voici quelques composants/ INCI concernés par les microplastiques et les « plastiques liquides, du type « silicones »

• Acrylates Co-, Crosspolymer (AC, ACS)

• Polyamides (PA, Nylon)

• Polyacrylates (PA)

• Polymethyl Methacrylate (PMMA)

• Polyquaternium (PQ)

• Polyethylene (PE)

• Polyethylene Glycol (PEG)*

• Polyethylene Terephthalate (PET)

• Polypropylene (PP)

• Polypropylene Glycol (PPG)*

• Polystyrene (PS)

• Polyurethane (PUR)

Et dans la partie «plastiques liquides » ont retrouvera les silicones sous toutes formes divers et variées, comme

• Silicones
–Cyclo-, Di-, Amodi-, Tri-, Methicone
–Cyclotetra-, Cyclopenta-, Cyclohexasiloxane
– Dimethiconol –Di-, Tri-, Siloxane , Silsesquioxane

Les microplastiques, toujours trop présents dans les cosmétiques

Alors que des alternatives existent, ces microplastiques sont encore bien présents, comme l’a récemment de nouveau souligné le collectif Rethink Plastic, qui regroupe une vingtaine d’associations alertant sur la problématique des microplastiques dans les cosmétiques.

La preuve, l’étude de Plastic Soup Foundation

Dans son étude et projet « Beat the Microbead », l’association néerlandaise Plastic Soup Foundation a mené une étude sur les ingrédients microplastiques dans les cosmétiques en analysant les produits des marques « classiques » conventionnelles, issues de multinationales cosmétiques européennes : L’Oréal, Nivea, Dove, Gilette, Rexona. L’étude est disponible en intégralité sur leur site. Les analyses des produits montrent que 9 cosmétiques sur 10  (parmi les produits testés) contiennent encore ces fameux microplastiques.      

Autre exemple : ces belles paillettes du maquillage…. ah mince c’est des microplastiques aussi ?

La plupart du temps, les paillettes dont nous raffolons pendant les fêtes ou même pour le maquillage des enfants, ce sont tout simplement des microparticules de plastiques, élaborés à partir d’un mélange de composants d’aluminium et de matières plastiques.Surtout s’il s’agit de produits paillettes du secteur des cosmétiques « conventionnels »- les microparticules de plastiques ne sont pas autorisés dans les cosmétiques naturels et bio certifiés, par ex.

Des alternatives aux paillettes en plastique

Mais des alternatives existent depuis quelques années: des paillettes « biodégradables », même le Carnaval de Rio tourne le dos au microplastiques et se passionne pour ces nouvelles paillettes plus écologiques…

Et l’impact des microplastiques sur la santé, au final ?

Pollution & microplastiques – tous concernés

Au-delà de la présence de microplastique en tant qu’ingrédients cosmétiques, ces microparticules de plastiques proviennent aussi de la pollution plastique générale: des particules de matières plastiques divers et variés, qui passent à travers les filtres des stations d’épurations (trop petites pour être correctement filtrées) et se retrouvent ensuite dans les océans et eaux continentales en très grande quantité. La pollution à base de microplastiques avait déjà été retracé selon différentes études un peu partout dans notre environnement immédiat. Dans les océans, nos sols, les animaux et même… dans nos estomacs.

Les microplastiques dans le corps humain

Une nouvelle étude de 2022 révèle désormais que des traces de ces microplastiques ont même été découverts dans du sang humain. L’étude publiée dans Environment International, a analysé des échantillons sanguins de 22 donneurs anonymes, tous des volontaires en bonne santé, et découvert des microplastiques chez 17 d’entre eux. 

« Pour la première fois, nous avons été capables de détecter et de quantifier » de tels microplastiques dans du sang humain, a déclaré Dick Vethaak, un écotoxicologue de l’université libre d’Amsterdam. »C’est la preuve que nous avons des plastiques dans notre corps – et nous ne devrions pas », a-t-il dit à l’AFP, jugeant nécessaire d’autres recherches sur l’impact possible sur la santé. Selon l’étude, les microplastiques détectés ont pu pénétrer dans le corps par bien des voies, l’air, l’eau ou la nourriture, ou encore des produits d’hygiène ou cosmétiques. (…) Il est scientifiquement vraisemblable que des particules plastiques puissent être acheminées jusqu’à des organes via le système sanguin », ajoutent ses auteurs.

La grande question est de savoir ce qui se passe dans notre corps, souligne le professeur Dick Vethaak. Les particules sont-elles retenues dans le corps ? Sont-elles transportées vers certains organes, peuvent-elles franchir la barrière hémato-encéphalique ? Et ces niveaux sont-ils suffisamment élevés pour déclencher la maladie ? Nous devons de toute urgence financer des recherches supplémentaires afin de pouvoir le découvrir.”

Microplastiques & pollution marine
Microplastiques & pollution marine

Les femmes enceintes aussi concernées

Le placenta est aussi contaminé par les microplastiques, révèle une étude italienne publiée dans la revue Environment International en 2021. Ce qui pourrait altérer la santé du bébé à naître, particulièrement sensible aux perturbateurs endocriniens.

« Quant à la provenance de ces microplastiques, les chercheurs évoquent deux voies possibles: la voie alimentaire, ces particules étant présentes aussi bien dans les aliments que dans l’eau, ainsi que la voie respiratoire, les microplastiques abondant aussi dans l’air que nous respirons. Celui-ci est aussi source de particules fines, également retrouvées dans le placenta. »

Pollution microplastique : et les animaux & l’environnement dans tout ça ?

Le choix des produits au quotidien, que ce soit pour les produits cosmétiques ou autre (ingrédients, emballages et produits de tous les jours) ne concerne jamais uniquement notre périmètre étroit – celle de notre santé, et de la santé de nos enfants-, mais l’ensemble du système… Et tôt ou tard ces choix de consommation nous reviennent « façon effet boomerang » avec l’accumulation de la pollution chimique dans les océans qui se retrouve ensuite par exemple dans notre assiette – pour celle.eux qui ne sont pas végan. Les microplastiques sont déjà largement présent dans l’environnement et affectent faune et flore, de nombreuses études en attestent.

Impact sur la vie océanique

Dans l’article du monde du 29 avril 2021 intitulé « Dans les océans, la pollution chimique menace toute la chaîne alimentaire » on détaille la problématique»; les scientifiques précisent, par exemple:

« Engrais, pesticides, métaux lourds, hydrocarbures, résidus de médicaments, milliers de tonnes de crème solaire et plastique sous toutes ses formes, sans compter les sédiments chargés de divers produits chimiques y juxtaposent ou synthétisent leurs effets délétères. Le rapport du Réseau international pour l’élimination des polluants constate que les rejets de l’homme impactent l’ensemble de la vie océanique, du plancton aux oiseaux. Plus de deux cents de ces études sont résumées dans un rapport sur les Polluants aquatiques dans les océans et les pêcheries, publié mardi 27 avril. Ce recensement a été réalisé pour le Réseau international pour l’élimination des polluants (IPEN), qui regroupe plus de 600 ONG dans plus de 120 pays, avec l’organisation australienne pour un avenir sans toxiques (National Toxics Network, NTN). »

 

Les microplastiques des cosmétiques se retrouvent aussi dans la chaine alimentaire

Où en est la législation concernant les microplastiques « ajoutés » dans les cosmétiques ?

En Europe, la restriction ou l’interdiction des microplastiques dans les cosmétiques n’est pas encadrée par la réglementation cosmétique (1223/2009 EC) mais règlementée de manière indépendante dans les différents pays.

Restriction partielle

Cette restriction concerne uniquement les microplastiques ajoutés intentionnellement dans des produits destinés à être rincés, par ex. En France, depuis 2018 la Loi pour la Biodiversité interdit les microbilles de plastique des «cosmétiques rincés» (gel douches, peeling, shampooings, etc) à fonction de nettoyage ou d’exfoliation. ll s’agit donc d’une interdiction qui vise qu’une partie de la problématiques des microplastiques. D’autres pays dans le monde ont mis en place des restrictions similaires (USA, Canada, Inde, Corée…). Mais l’harmonisation d’une législation au niveau européen, voir au niveau international, se fait attendre.

7 kg de plastiques rejetés chaque minute à cause des cosmétiques, à ce rythme il y a urgence…

L’alliance Rethink Plastic, qui regroupe une vingtaine d’associations environnementales (Plastic Soup Foundation, No Plastic in my sea, Client Earth ou encore Surfrider), souligne notamment « les dommages négatifs et irréversibles à nos écosystèmes » et le risque pour la santé humaine.

« Rien qu’en Europe, 7 kg de matières plastiques provenant de cosmétiques sont rejetés dans l’environnement chaque minute »   

Microplastiques : et la législation, alors ?
Microplastiques : et la législation, alors ?

Des délais d’interdiction particulièrement lents & une phase de transition … en faveur des industriels concernés

Le 1er mars 2023, le comité d’experts européen qui devait décider dans le cadre du règlement Reach de restreindre ces microplastiques « ajoutés intentionnellement » a reporté son vote.

Ce qui a fait réagir aussi des marques engagées pour accélérer le processus de l’interdiction des microplastiques.

Un groupe d’une vingtaine de marques et d’associations, conduit par Weleda, Beauty Kitchen et Naïf, a adressé une lettre ouverte à la Commission européenne pour demander une interdiction plus rapide et plus complète des microplastiques dans les produits cosmétiques.

Selon la proposition actuelle au sujet de l’interdiction des microplastiques dans les cosmétiques (qui représentent par ailleurs qu’un aspect de cette pollution globale) les périodes de transition varieraient de quatre ans pour les produits rincés jusqu’à 12 ans pour certains produits de maquillage. Les parfums encapsulés bénéficieraient d’un délai de cinq à huit ans, et les produits cosmétiques sans rinçage auraient six ans pour s’adapter.

Le secteur des cosmétiques

Des chiffres qui n’ont rien de rassurant. Bien entendu que le secteur des cosmétiques n’est pas l’unique responsable de la pollution des microplastiques, mais il en fait partie. L’industrie dans son ensemble doit donc accélérer le processus de changement. Ensuite à nous aussi, en tant que consommateurs informés et éclairés, de favoriser toutes les marques engagées dans la protection de l’environnement depuis leurs débuts, et pas juste depuis quelques années, en version greenwashing.

Microplastiques et pollution : une crise mondiale
Microplastiques et pollution : une crise mondiale

Et en tant que consommateur, quelle est notre marge de manoeuvre pour ne pas rajouter au schmilblick des microplastiques ?

En ce qui concerne les cosmétiques :

  • Choisir des produits certifiés en cosmétique naturelle et bio, les microplastiques ajoutés ne sont pas autorisés par les labels.
  • Déchiffrer la formulation de vos produits grâce à la recherche INCI du site pour écarter les microplastiques,
  • Côté emballages : encourager les initiatives de marques qui s’engagent réellement dans ces sens, comme überwood et Dr; Bronner’s. Posez les questions « qui fâchent » à vos marques préférées, -même à celles du secteur bio- pour savoir ce qu’ils ont prévu pour accélérer le processus d’alternatives aux emballages en plastique.
  • Inviter le « zéro déchet » dans vos salles de bain; tellement de produits existent désormais en version solide, à vous de trouver la marque ou le produit qui vous convient. Tant que le produit  en version solide n’est pas certifié en bio, continuez à vérifier les compositions, encore trop de composants controversés dans certaines marques , voir article suivant.
  • Se concentrer sur l’essentiel : est-ce que l’on a vraiment besoin de 4 crèmes différentes, à la promesse d’ingrédients miraculeux, alors qu’une bonne nuit de sommeil, un vrai moment de détente, une belle séance de surf ou un fou rire partagé avec les copines, libérant des tonnes d’endorphines… nous donnera cet effet « bonne mine » instantané, jalousé par les meilleurs formulation cosmétiques du monde ? Même celles des crèmes certifiées bio ? Bref la décroissance fait sens, même dans la salle de bain… et peut rester un processus joyeux, basé sur le bon sens et le partage.

Et le reste ?

➡️ En ce qui concerne tous les autres produits du quotidien, le web regorge d’alternatives et d’astuces pour s’engager dans un quotidien qui s’éloigne, autant que possible, de notre vie actuelle, engluée dans le plastique.

Et même si le plus gros levier reste le secteur industriel, nos choix de dépenses quotidiens restent un levier réellement crucial, qui pourra aussi inspirer notre entourage pour en faire autant. On le répète donc jamais assez, le choix de nos produit de consommation au quotidien a son importance… à tous les niveaux…

“Every time you spend money, you’re casting a vote for the kind of world you want.” (Anna Lappe)

 

Microplastiques : à nous de les éviter aussi...