Les PFAS, c’est quoi au juste ?
Les PFAS, substances poly- et perfluoroalkyles, sont des substances chimiques – fabriquées par l’humain – constituées d’environ 4 000 à 6 000 composants différents. La caractéristique des PFAS, c’est qu’ils sont persistants, se répandent rapidement et ne sont pas ou peu biodégradables. On les retrouve notamment dans les textiles, les emballages alimentaires, les cosmétiques, les produits phytosanitaires, les ustensiles de cuisine, les vernis, et bien d’autres produits du quotidien.
Une petite vidéo explicative sur le site de Génération Futures
Quelle est la problématique des PFAS ?
Les PFAS sont extrêmement problématiques sur le plan environnemental.
Certains PFAS ont récemment fait la une des journaux, car on peut désormais même les retracer dans l’eau de pluie, ce qui la rend désormais « impropre à la consommation », selon une étude récente*.
Et le secteur des cosmétiques est aussi concerné par les PFAS
La problématique concernant les produits cosmétiques, c’est que d’une que part certains produits conventionnel en contiennent (voir la liste des INCI plus bas dans l’article) et que d’autre part, que l’on retrouve également parfois des PFAS dans des analyses de produits cosmétiques conventionnels, sans qu’ils soient clairement affichés sur les produits, selon une étude du Green Science Policy Institute sur les PFAS datant de Juin 2021.
« Selon une nouvelle étude du Green Science Policy Institute, publiée le 15 juin 2021 dans Environmental Science & Technology Letters, basée sur le test de 231 produits de maquillage commercialisés aux Etats-Unis et aux Canada, près de la moitié des mascaras, rouges à lèvres et fonds de teint testés seraient contaminés par les perfluorés. Pire, ces produits chimiques toxiques éternels associés à de nombreuses maladies ne seraient majoritairement pas indiqués dans la liste des ingrédients. » ….Peu après la publication de cette étude, la loi « No PFAS in Cosmetics Act » a été introduite à la Chambre et au Sénat américains pour interdire tous les PFAS dans les produits de maquillage et de soins personnels. En Europe, suite à la publication de la stratégie sur les produits chimiques, la Commission européenne devrait réviser la directive sur les cosmétiques. »
D’autres études confirment la problématique
Une autre étude de Katherine E. Boronow et son équipe, publiée dans le Journal of Exposure Science & Environmental Epidemiology en 2019 révèle la présence de substances « perfluoroalkylées » et « polyfluoroalkylées » dans certains produits d’hygiène. Dans du fil dentaire, notamment, bien qu’il ne soit pas la seule source de PFAS, comme le précise bien l’étude.
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A quoi servent les PFAS dans les cosmétiques, au juste ??
Dans les produits cosmétiques, les PFAS sont entre autre employés comme « agent d’entretien » dans différents produits, ce qui permet de faciliter la pénétration d’autres substances et de rendre la peau plus brillante par exemple. Dans les produits du type fil dentaire, c’est leur aspect imperméabilisant qui intervient.
Et quels sont les risques pour la santé ?
Les composés perfluoroalkylés ne sont pas détruits dans le corps humain et se bioaccumulent, augmentant ainsi les risques sur la santé. Plusieurs PFAS sont fortement soupçonnés d’être toxiques, avec des risques pour la santé des humains, des animaux et de l’environnement. Il s’agit notamment des effets sur l’équilibre hormonal (fameux perturbateurs endocriniens), le système immunitaire, la reproduction et le développement de l’enfant à naître. Les propriétés exactes diffèrent pour chaque PFAS spécifique. Ces substances peuvent s’accumuler dans le corps humain, chez les animaux et dans les plantes. Les PFAS peuvent pénétrer dans le corps humain par les aliments, l’eau potable, l’inhalation ou la peau.
La problématique identifiée par les autorités
En septembre 2019, Santé publique France publiait une étude consacrée à « l’imprégnation de la population française par les composés perfluorés », rappelant comment, depuis les années 1950, ces substances créées par l’humain sont utilisées dans « de nombreuses applications industrielles et dans les produits de la consommation courante », dont les cosmétiques, comme le rappelle cet article :
Et que dit la loi ?
La production et l’utilisation de divers composés PFAS sont clairement limitées par des directives européennes. Dans les années à venir, diverses applications contenant des PFAS feront l’objet de restrictions supplémentaires.
MAIS entre l’identification de la problématique, les phases de restrictions partielles et l’interdiction définitive de composants ou classes de composants… il peut se passer des décennies.
Dans certains pays, ce sont les distributeurs qui agissent avant les restrictions légales, dont l’application prend souvent des années.
Au Danemark, par exemple, le deuxième plus grand acteur de la grande distribution alimentaire au Danemark, le groupe Coop, a cessé immédiatement, comme le premier grand groupe de détail au monde, tout achat de cosmétiques et d’articles d’hygiène personnelle contenant des composés fluorés PFAS (polyfluoroalkyles et perfluoroalkyles).
« L’interdiction vaut aussi bien pour les marques propres du groupe que pour les marques internationales. Les ventes de produits contenant encore des PFAS s’arrêteront progressivement et au plus tard le 1er septembre 2019. Coop invite également le ministre danois de l’environnement et de l’alimentation à proposer une loi contre les PFAS dans les produits cosmétiques. »
Quels sont les dénominations INCI des composants appartenant aux PFAS, utilisés en cosmétique ?
INCI
- PFTE (Teflon)
- Perfluorononyl dimethicone
- Perfluorononyl triethosyxilane
- Ethyl perfluorobutyl ether
- Perfluorotetralin,
- Polyurethane-27 / Polyurethane ( verifier microplastique ?)
- Polyperfluoroethoxymethoxy Peg-2 Phosphate
- Octafluoropentyl Methacrylate
- Pentafluoropropane
- Methyl Perfluorobutyl Ether
- Perfluorononylethyl Carboxydecyl Peg-10 Dimethicone
- Perfluorodecalin
- Polyperfluoroethoxymethoxy Difluoroethyl Peg Phosphate
- Perfluorodimethylcyclohexane
- Perfluoroperhydrophenanthrene
- PEG-10 dimethicone
- C9-15 fluoroalcohol phosphate
- Perfluorohexane
La problématique de la pollution des PFAS dépasse bien entendu largement le secteur des cosmétiques, mais il en fait partie et doit prendre sa part de responsabilité pour bannir dès aujourd’hui ces composants qui ne sont absolument pas indispensables. Le secteur des cosmétiques naturels et bio en est la preuve, ces composants font tout simplement pas partie des composants de formulation « autorisés » par les différents cahier des charges en cosmétique naturelle et bio.
On en parle davantage dans d’autres pays…
Il semblerait aussi que le sujet des PFAS, dans son ensemble soit davantage thématisé dans les pays anglophones ou Nordiques, par exemple avec les ressources suivantes.
- Dark Waters : un film pour alerter sur la pollution chimique par les perfluorés
- EWG aux Etats-Unis qui s’interroge sur la présence de Teflon dans nos cosmétiques
- Au Danemark, cette étude officielle de 2018 de l’Agence pour la protection environnementale danoise sur la problématique des PFAS dans les cosmétiques
Un composant cosmétique classé « polluant » et problématique pour l’environnement est -ce que c’est moins « grave » qu’un composant avéré toxique pour l’humain ?
Pas vraiment, il suffit de regarder l’image globale… exemple des microplastiques.
On sait par exemple que les microplastiques provenant (en partie) des cosmétiques sont déjà largement présents dans nos mers et qu’ils sont ingérés par les poissons que nous mangeons ensuite…
La pollution des microplastiques dépasse bien entendu la question de la chaîne alimentaire et les sources de contamination sont multiples. Plusieurs études ont également confirmé récemment que les microplastiques sont désormais partout– et se retrouvent désormais aussi dans le corps humain (du placenta…jusque dans le sang en passant par les poumons).
Et même si la pollution par microplastiques dans les ingrédients cosmétiques est en cours d’interdiction (interdiction partielle & progressive et limitation de polymères, microbilles, et tous les microplastiques dans les produits cosmétiques) dans de nombreux pays –la problématique persiste.
Mais au-delà de la présence de microplastiques en tant qu’ingrédients cosmétiques, ces microparticules de plastiques proviennent aussi de la pollution plastique en général : emballages plastiques divers et variés (notamment aussi ceux des cosmétiques), qui passent à travers les filtres des stations d’épurations et se retrouvent dans les océans et eaux continentales en très grande quantité.
➡️ Chaque composant polluant rajoute donc à la problématique environnementale qui nous concernera tôt ou tard. Et qui nous concerne déjà largement à ce jour ! Fin de cette petite aparté sur les microplastiques qui illustre bien la problématique des composants polluants que l’on considère souvent – à tort – comme moins nocifs, controversés ou problématiques que les composants immédiatement identifiables comme substances toxiques pour l’humain. Et les PFAS représentent non seulement une problématique avéré pour la santé humaine (perturbation hormonale), mais une menace importante pour l’environnement et tous les éco-systèmes.
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A nous donc aussi de faire émerger ce sujet en tant que consommateur éclairé et de demander aux marques – aussi ceux secteur cosmétique- de revoir leurs formulations au plus vite pour bannir les PFAS de leur produits. Les interdictions officielles par le biais de législation nationales ou internationales prendront beaucoup trop de temps pour contre-carrer cette problématique qui nous dépasse depuis longtemps.
Les PFAS sont par ailleurs aussi concernés par la problématique de « l’effet cocktail », évoqué à de nombreuses reprises sur les différents articles de ce site.