Shampooings : Satisfaire les consommateurs, mais à quel prix ?

Octobre 2013

« 60 millions de consommateurs » a testé 17 shampooings en septembre 2013. J’étudie systématiquement les tests représentatifs dans le domaine des cosmétiques. Mais je dois dire que ce test me laisse perplexe. 

  • le shampooing de l’Occitane, par exemple, qui occupe la quatrième position dans le test, contient un filtre solaire qui a un impact sur le plan hormonal et que l’on peut même déceler dans le lait maternel. Par ailleurs, son impact sur le plan environnemental n’est pas neutre puisqu’il porte atteinte aux récifs de corail ; 
  • dans ce même shampooing, on trouve aussi un conservateur, dont le potentiel allergisant est bien connu, et des composants qui évoquent encore plus les ingrédients chimiques controversés, comme, par exemple, les colorants azoïques. Sur quels critères « 60 millions de consommateurs » s’est-il appuyé pour prendre sa décision ? 
  • les risques que posent les produits chimiques ne sont pas envisagés dans ce test. Pourtant, à mon avis, cela aurait pu être l’occasion de faire le point sur la question des shampooings ; 
  • de mon côté, j’ai aussi examiné les shampooings en question – et j’en tire des conclusions tout à fait différentes. 

Mais pour commencer, voici quelques informations sur les shampooings et sur la différence qui existe entre des shampooings « normaux » et des shampooings de la cosmétique naturelle et biologique. 

 

De quoi se compose véritablement un shampooing ? 

Un shampooing se compose, en règle générale, de plus de 70 % d’eau. A cela, il faut rajouter, dans le cas d’un shampooing pour cheveux normaux, 20 % de tensioactifs et de co-tensioactifs, puis environ 5 % d’épaississants et de composants auxilliaires. Les parfums, les colorants, les conservateurs et les principes actifs représentent seulement entre 0,5 % et 3 % du total. 

 

Dans tout shampooing, les tensioactifs sont essentiels 

Non seulement parce que les tensioactifs représentent l’élément le plus important après l’eau mais aussi parce que les bases lavantes assurent l’action de nettoyage – et plus encore dans certains cas. 

 

Qu’attendent les utilisateurs d’un shampooing ? 

La plupart des gens attendent d’un shampooing qu’ils fassent autre chose que nettoyer. Après avoir été lavés, les cheveux ne doivent pas seulement être propres mais aussi être doux. Ils doivent être faciles à peigner et ne pas être chargés d’électricité statique. Un shampooing doit rendre les cheveux brillants, débarrasser les cheveux gras de leur aspect luisant et procurer plus de volume aux cheveux fins. Et le fait qu’un shampooing n’irrite pas les yeux, se rince facilement et développe une mousse onctueuse est perçu comme une évidence. 

 

Est-ce que les shampooings conventionnels répondent à de telles attentes ? Les bases lavantes, que l’on trouve dans les shampooings conventionnels, constituent un thème très complexe. Elles ont notamment des caractéristiques très différentes les unes des autres – certaines sont irritantes, d’autres très douces. 

  • certaines bases lavantes lavent tout simplement bien les cheveux, d’autres procurent une bonne mousse et ont aussi un effet soin. Ces tensioactifs, dits cationiques, réduisent la charge électrostatique des cheveux et les lissent. Les cheveux semblent « réparés », doux et se peignent facilement ; 
  • N.B. : le Sodium Laureth Sulfate fait partie des tensioactifs classiques. C’est aussi une base lavante issue d’un PEG (voir la rubrique PEG). S’il est moins «agressif» que le Sodium Lauryl Sulfate, il fait tout de même partie des bases lavantes irritantes. 

 

Les shampooings se composent d’un cocktail de bases lavantes 

Les fabricants peuvent se procurer de tels cocktails prêts à l’emploi. En règle générale, en cosmétique conventionnelle, ces cocktails contiennent aussi des bases lavantes irritantes. On ne peut pas toutefois s’appuyer sur la liste des composants pour déceler le potentiel et le degré d’irritation possible du cocktail, introduit dans la formule : 

  • c’est pourquoi il n’est guère étonnant de trouver, dans la plupart des shampooings testés, le Cocamidopropyl Betaïne qui est en fait un tensioactif adoucissant classique ; 
  • le cocktail de tensioactifs contribue d’une certaine façon à répondre aux attentes des consommateurs citées plus haut. Les autres attentes sont assurées par les produits de soins capillaires conventionnels, qui ont généralement un impact sur l’environnement ; 
  • si un fabricant de shampooings introduisait exclusivement les tensioactifs les plus doux, les cheveux seraient propres et cela serait bon pour l’équilibre du cuir chevelu. Mais on ne répondrait pas à un certain nombre d’attentes des utilisateurs. 

 

La chimie lisse les cheveux 

Pour faire simple, les shampooings conventionnels, les après-shampooings, etc. ont l’action suivante : par le biais de composants chimiques, les cheveux sont nettoyés, lissés, domptés (gainés de silicone avec les après-shampooings afin qu’ils ne se chargent pas d’électricité statique). 

  • mais les cheveux ne seront pas vraiment réparés. Les cheveux qui sont sains, ce sont ceux qui repoussent ; 
  • il faudra environ quinze jours à une personne pour éliminer tout résidu de silicone sur ses cheveux.

 

Ce qui différencie les shampooings naturels des shampooings conventionnels 

Tout d’abord, un bon shampooing naturel nettoie très bien. Les tensioactifs qui sont utilisés en cosmétique naturelle et biologique sont pourtant complètement différents de ceux qui entrent dans la composition des shampooings conventionnels. Première exigence : ils doivent être d’origine naturelle 

  • L’Ammonium Lauryl Sulfate est, par exemple, d’origine naturelle. Mais c’est aussi un tensioactif irritant. En vue de l’adoucir, le label Ecocert autorise aussi le Cocamidopropyl Betaïne. Dans la mesure où ce tensioactif est en partie d’origine chimique, il ne répond absolument pas aux exigences de la cosmétique naturelle et bio car sa part de Propyl ne peut etre obtenue qu’à partir du pétrole. 
  • Les tensioactifs appelés « acylglutamates » sont l’exemple opposé. Ce sont des bases lavantes très chères et très douces. Les fabricants ont donc le choix. 
  • Il faut savoir que la cosmétique biologique ne peut contribuer que partiellement à l’effet soin des shampooings conventionnels (au fait que les cheveux ne se chargent pas d’électricité statique, qu’ils soient lissés et maîtrisés) ; 

Une fois lavés, les cheveux sont propres, mais se laissent moins bien apprivoiser que lors de l’utilisation de shampooings conventionnels. 

  • On peut introduire dans la composition des shampooings de bons actifs hydratants ou bien de l’inuline afin de coiffer les cheveux plus facilement. Ce composant, issu de la biotechnologie, forme de longs films protecteurs, qui gainent bien les cheveux. 
  • A l’inverse des labels NaTrue et BDIH, le label ECOCERT autorise aussi un produit de soin capillaire comme l’Hydroxypropyl Guar Hydroxypropyltrimonium Chloride, qui permet de coiffer les cheveux plus facilement). Ce composant, comme la base lavante Cocamidopropyl Betaïne, est en partie d’origine chimique (sa part de Propyl ne peut etre obtenue qu’à partir du pétrole). En plus, le processus de la fabrication est comparable à la lourde chimie de l’éthoxiliation. De tels composants ne sont pas, en fait, compatibles avec le principe même de la cosmétique naturelle et bio. 

 

Les avantages des shampooings naturels : ils représentent un plus pour la santé et l’environnement 

Les shampooings qui sont certifiés cosmétiques naturels et biologiques 

  • ne contiennent pas, à titre de conservateurs, de substances chimiques réactives comme celles qui peuvent libérer du formaldéhyde ;
  • ils ne contiennent pas non plus de composant chimique nocif pour l’environnement comme l’EDTA qui peut également s’avérer dangereux pour l’être humain ; 
  • ils ne contiennent pas non plus de PEG qui peuvent, en pénétrant dans la peau, la rendre plus perméable aux polluants ; 
  • ils ne contiennent pas de filtres solaires synthétiques néfastes pour la santé et l’environnement ; 
  • et les meilleurs shampooings naturels sont aussi complètement exempts de tensioactifs irritants. 

      Les trois meilleurs shampooings

Les trois meilleurs shampooings se démarquent par les facteurs suivants : 

  • Ils ne contiennent que des tensioactifs (bases lavantes) doux pour la peau ; 
  • Ils ne contiennent aucun composant problématique sur le plan sanitaire, de l’environnement ou des processus de fabrication ; 
  • le type et le nombre des composants ont été pris en considération dans l’attribution de leur position dans le test. Remarque : Comme tous les autres produits similaires de cosmétique biologique contrôlée contiennent des conservateurs synthétiques, l’alcool bio (qui remplace les conservateurs), présent dans l’un des trois shampooings, n’a pas été dénigré. 
  • Les conservateurs autorisés en cosmétique naturelle et biologique comme l’alcool benzylique, l’acide salicylique ou l’acide déhydroacétique sont appréciables certes, par rapport à quelques autres conservateurs chimiques, mais ils présentent aussi un potentiel irritant. Cela tient au fait que ce sont des conservateurs. 

 

Les shampooings bio « ancienne génération » non recommandés

 

Parmi les shampooings bio, on trouve malheureusement encore sur le marché des shampooings avec de l’Ammonium Lauryl Sulfate ou du Sodium Lauryl Sulfate. Ce sont des tensioactifs avec un potentiel irritant très élevé.

  • Ainsi, les shampooings bio « ancienne génération » ont à présent disparu du marché parce que les fabricants ont modifié les formules. Mais, comme ces exemples le prouvent, il en existe encore ; 
  • Lorsque, dans un shampooing bio, les tensioactifs Ammonium Lauryl Sulfate ou Sodium Lauryl Sulfate arrivent en tête, on peut supposer qu’ils présentent un potentiel irritant plus élevé que les shampooings contenant du Sodium Laureth Sulfate ; 
  • Il en va autrement avec les shampooings bio nouvelle génération. Quand les tensioactifs les plus doux sont introduits dans la formule, le potentiel irritant est minime ou tend même à être nul . 
  • Les shampooings qui ont pour base les tensioactifs Ammonium Lauryl Sulfate ou Sodium Lauryl Sulfate présentent pour les fabricants un avantage d’ordre économique.

Casino bio  : Usage fréquent miel, calendula, avoine

 

 

 Les Shampooings conventionnels : de la 1ère à la 8ème position

 

Les shampooings suivants ont plusieurs points communs : 

  • les tensioactifs sont le l’Ammonium Lauryl Sulfate, irritant ou  le Sodium Laureth Sulfate, tensioactif encore plus irritant. 
  • Le potentiel irritant de ces tensioactifs est respectivement 18 fois et 30 fois plus élevé que celui d’un tensioactif à base de sucre, comme le Decyl Glucoside. 
  • Ils contiennent aussi des conditionneurs chimiques.

Mais il y a une différence : elle concerne la conservation. Contrairement aux shampooings situés en fin de classement, les shampooings de la 1ère à la 8ième position contiennent exclusivement des conservateurs également autorisés en cosmétique naturelle et bio.

 

 

 

 Les Shampooings conventionnels : De la 9ème à la 11ème position

 

Ces shampooings se différencient avant tout des précédents par le fait qu’ils contiennent des conservateurs présentant un potentiel allergisant. 

  • Le shampooing de Lush ne respecte pas l’obligation de faire figurer sur son emballage les mentions obligatoires. En plus, ce shampooing est basé sur un tensioactif de mauvaise qualité (très irritant). 

 

 

Commentaire: cet article date d’octobre 2013

Les compositions des produits peuvent changer, même une gamme entière peut changer d’orientation d’une année à l’autre et choisir de supprimer ou de rajouter certains composants, par exemple. Aucun site ou magazine de consommateur actualise en permanence ces changements, ce serait un travail gigantesque, à faire en continu. Et les articles ne sont pas supprimés à la simple demande des fabricants qui expliqueraient que les formules aient changé de formulation depuis la parution du test. Le test produit reflète par contre «l’image exacte du moment», les tests sont clairement datés.