Novembre 2018
Test produit Baumes à lèvres
Dans cette rubrique, nous allons vous présenter régulièrement deux produits comparables de deux marques différentes, l’une du secteur des cosmétiques « conventionnel », l’autre du secteur des cosmétiques bio certifiés. Pour ce match, nous avons choisi des baumes à lèvres, des produits indispensables en cette saison !
Ces produit s’affronteront sur le même terrain : la comparaison des composants.La commentatrice vous accompagne tout le long du match et vous explique les règles du jeu quand celles-ci ne sont pas tout à fait claires.
Place au match : que le meilleur gagne.
Dans le comparatif des deux produits qui suivent, on court après le même but : le soin des lèvres.
Mais d’un côte on se sert principalement de composants de synthèse avec quelques substances douteuses qui se faufilent entre le lignes et de l’autre camp on joue la carte du « purement naturel ».Le début du match, présentation des équipes :
CARMEX
Baume Hydratant pour les lèvres
4,9 ml, prix : 4,29 €
Voici la présentation du produit par le fabricant :
LE STICK CLASSIQUE CARMEX
Le format nomade, idéal pour les activités de plein air, le ski, le jogging, le vélo….
- Grâce à la cire d’abeille, il fournit une barrière de protection durable qui aide à la guérison de vos lèvres
- Il promet un effet apaisant et rafraîchissant grâce au camphre et au menthol
- Avec son SPF 15 (indice de protection solaire), il protège contre les rayons du soleil
Un peu plus bas sur l’emballage du produit se trouve également la mention :
«N°1 des baumes à lèvres « Le plus Recommandé par les Pharmaciens » depuis plus de 15 ans dans les magasins de santé au USA.
Prenons le temps de vérifier la composition du produit en analysant de plus près la liste de composants, la liste des composants, la liste INCI :
Ingrédients/ INCI :
Petrolatum, Lanolin, Euphorbia Cerifera Cera, Ethylhexyl Methoxycinnamate, Benzophenone-3, Ozokerite, Cetyl Esters, Theobroma Cacao Seed Butter, Cera Alba, Paraffin, Camphor, Menthol, Salicylic Acid, Parfum, Vanillin, Hydroxycitronellal, Limonene, Linalool, Geraniol, Citronellol.
Analyse des composants :
Comme toujours, ce sont les 8-10 premiers composants qui constituent majoritairement le « profil » du produit. Le premier composant étant présent en quantité la plus élevée et la suite en ordre décroissant.
On commence ici directement avec un composant à base d’huiles minérales, le Petrolatum (1er), suivi de lanoline et de cire de candelilla, puis se rajoutent quelques filtres UV, problématiques. Puis se rajoutent un texturant, du beurre de cacao et de nouveau deux composants à base d’huiles minérales, le Paraffin et L’Ozokerite.
La cire d’abeille, -mise en avant par le fabricant-, est certes présente, mais plus bas, en neuvième position.
Ces huiles minérales ou synthétiques procurent hydratation, -certes-, mais posent problème à bien d’autres niveaux (voir l’encadré ci-dessous).
Le BFR allemand a récemment publié une conclusion rassurante concernant l’application cutanée de produits cosmétiques à base d’huiles minérales, – qui ne poseraient pas de problématique de santé.
Ce qui n’enlève pas la problématique de l’effet occlusif en forte concentration, ni la qualité « inerte » de la matière première, la rendant moins intéressante que les huiles minérales, et la problématique environnementale.
« According to the currently available scientific knowledge, no health risks are to be expected for consumers who apply cosmetic products to their skin, in the view of the BfR. »
En ce qui concerne les % d’huiles minérales appliqués sur les lèvres (contenus dans les produits pour les lèvres: baumes, mais aussi rouges à lèvres et gloss), le BFR estime qu’il n’y a pas de problématique de santé, non plus, à partir du moment où les fabricants respectent la typologie des huiles minérales utilisées et le taux maximal d’ingestion potentielle quotidienne. (aussi appelé « ADI » : Acceptable Daily Intake, qui vaut aussi pour l’alimentaire.)
Mais est-ce que les fabricants respectent toujours ce seuil ‘ADI’, et la typologie des huiles minérales recommandées ?
Pas toujours, dans le même communiqué le BFR admet que des études portant sur de produits de soin pour les lèvres en Suisse et en Allemagne ont démontré que la recommandation n’est souvent tout simplement pas respectée par les fabricants.
« According to Recommendation No. 14 from Cosmetics Europe (2014), only those mineral oil hydrocarbons for which an ADI value has been derived should be used in lip care and oral care products. »(….)The examination of more than 200 lip care products from the Swiss market (Niederer et al., 2015) showed that the mineral oil quality used in numerous products did not comply with Recommendation No. 14 of Cosmetics Europe (Cosmetics Europe 2014).(….)Analysis of lip care products in Switzerland and Germany demonstrate, however, that mineral oils which do not comply with this recommendation were also used in a number of products. The BfR advises manufacturers of lip care products to comply with the recommendation of Cosmetics Europe.
Par ailleurs, selon certaines analyses de test produits du magazine allemand Ökotest le taux de MOAH contenu dans les produits à base d’huiles minérales varie fortement, et peut parfois même atteindre jusqu’à 5%. (Ökotest 01_2018)
Revenons à l’analyse du premier produit
Ce qui peut être considéré comme problématique dans cette formulation, – en dehors des composants issus de la pétrochimie (huiles minérales, voir plus haut) :
- Le Ethylhexyl Methoxycinnamate (Octinoxate) : un filtre UV, supposé perturbateur endocrinien, susceptible d’interférer avec le système hormonal
- Le Benzophenone-3 (Octinoxate) : un autre filtre UV, supposé perturbateur endocrinien, susceptible d’interférer avec le système hormonal
- Les conservateurs de synthèse controversés Methylparaben, Propylparaben (perturbateur endocrinien)
Verdict :
Certes, la formule contient de la cire d’abeille, de la lanoline et du beurre de cacao mais elle s’appuie surtout fortement sur les composants à base d’huiles minérales, controversés à différents niveaux. A cela se rajoutent deux filtres UV chimiques controversés et un conservateur de synthèse, tous supposés perturbateurs endocriniens. Le tout appliqué directement sur les lèvres, donc partiellement ingéré au cours de la journée…Une formulation de baume à lèvres très contestable, à tous les niveaux.
Les produits pour les lèvres… qui sont partiellement ingérés.
Les rouges à lèvres, les baumes à lèvres et les gloss sont partiellement ingérés tout au long de la journée. Mais qu’est ce que cela peut bien représenter en terme de quantité ?L’étude du comité scientifique de l’EU (SCCS) a calculé que cela représentait -pour une application au quotidien- environ 20 grammes par an : ce qui représente environ 4 rouges à lèvres.
Dès lèvres toujours sèches, même en appliquant du baume à lèvres ?
Dans les baumes à lèvres contenant des parts élevées d’huiles minérales, se pose souvent aussi la problématique suivante : beaucoup de consommateurs se plaignent de lèvres sèches et gercées en permanence, même en utilisant des baumes à lèvres. Et plus on applique de produit (baume à lèvres ou stick), plus elles semblent irritées ou déshydratées. Cet effet est souvent dû à une dose élevée d’huiles minérales dans la formule des baumes à lèvres. En effet, ces huiles forment sur la peau un film presque étanche, occlusif, ne lui permettant pas de «respirer». Par ailleurs si ces huiles minérales sont présentes en trop grande quantité, elles sont repoussées par les lèvres, comme un corps étranger. Par conséquent, il faut constamment augmenter la fréquence d’application et la quantité de produit appliqué. Pour éviter ce phénomène, il suffit de réduire la part d’huiles minérales ou d’opter pour des baumes à lèvres qui contiennent essentiellement des huiles et cires végétales.
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Passons la balle au produit de la concurrence
Baume Hydratant pour les lèvres
à la mangue
4,25 ml, prix : 3,99 €
Sur le site d’un distributeur* de la marque, on trouve le descriptif du produit suivant ;
Ce soin hydratant et adoucissant grâce au beurre de mangue, apaise, revitalise et nourrit en profondeur vos lèvres. Elles sont alors saines et lisses.
Conseils d’application :
Appliquez autant de fois que nécessaire, particulièrement par temps froid ou sec.
Dermatologiquement testé.
Sans Parabènes
100% d’ingrédients naturels
Regardons de plus près également la liste des composants du produit.
Ingrédients/ INCI :
helianthus annuus seed oil, cocos nucifera oil, cera alba, aroma*, ricinus communis seed oil, mangifera indica seed butter, lanolin, ammonium glycyrrhizinate, tocopherol, rosmarinus officinalis leaf extract, glycine soja oil, canola oil (huile de colza), limonene, linalool
*natural flavour/arôme naturel.
Analyse des composants :
Comme toujours, ce sont les 5-8 premiers composants qui constituent majoritairement le « profil » du produit.
Parmi les premiers composants ont trouve tout simplement un mélange équilibré de différentes huiles et de cires végétales : huile de tournesol, huile de coco, cire d’abeille, huile de ricin, lanoline, huile de soja, huile de canola. Aucune huile ou cire minérale à l’horizon. L’extrait de mangue mis en avant par le fabricant est bien présent en 6ème position. A cela se rajoutent des arômes naturels et de l’extrait de romarin.
Verdict :
Un baume à lèvres qui puise ses bienfaits essentiellement dans des composants naturels hydratants et soignants : huiles, cires et beurres végétaux, extraits végétaux et arômes naturels… Aucune substance problématique à l’horizon, un véritable soin des lèvres, « à consommer » (= utiliser) sans modération.
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Vous trouverez d’autres articles et tests produits sur sur le site.
Note ; cet article date de 2018
Les compositions des produits peuvent changer, même une gamme entière peut changer d’orientation d’une année à l’autre et choisir de supprimer ou de rajouter certains composants ou même produits, par exemple. Aucun site ou magazine de consommateur actualise en permanence ces changements, ce serait un travail gigantesque, à faire en continu. Et les articles ne sont pas supprimés à la simple demande des fabricants qui expliqueraient que les formules aient changé de formulation depuis la parution du test. Le test produit reflète par contre «l’image exacte du moment», les tests sont clairement datés.