Tests produits solaires : différents critères, différentes méthodes de tests = différents résultats

Solaire, quel produit choisir ?

Temps de lecture : long… mais c’est instructif 😉

Tests produits solaires : comparaison des approches, analyses…et des résultats

Constat : Chaque été, les magazines de consommateurs en Allemagne et en France effectuent des tests produits solaires. Mais ils ne partagent pas les mêmes avis. Voir même : les magazines de consommateurs entre eux n’émettent pas les mêmes avis et n’obtiennent pas les mêmes résultats.

Nous avons donc pris le temps de regarder les différents tests produits solaires de ces derniers mois, en France et en Allemagne, qui n’obtiennent pas les mêmes résultats,tout simplement la plupart du temps par ce qu’ils n’appliquent pas les mêmes méthodes de tests… ni les mêmes critères d’évaluations. L’un des constats de base qui revient depuis plusieurs années, c’est celui qui concerne les filtres minéraux qui apparemment ne protègeraient pas aussi bien que les filtres chimiques, notamment avec des manquements autour de la protection UV-A.Voici donc un aperçu des derniers tests solaires, accrochez-vos ceintures, on passe même la frontière.


A) Le magazine allemand Stiftung Warentest et ses tests produits solaires juillet 2019

Produits Testés: 19 produits solaires avec indices de protection (IP ou SPF) élevés (SPF 30, 50, 50+). Marques « conventionnelles » et marques de cosmétique naturelle et bio.Tests produits solaires.

     

Critères de test :

Méthodes de test UV-A & UV-B

Critères des déclassement  :

Respect de l’indice de protection :                    qui compte pour 35% de l’évaluation

Indice de protection (UV-B):  méthode de test : In vivo

non-respect des indices de protection

Apport d’hydratation: 20 %

Indice de protection (UV-A):  méthode in vitro, mise en relation avec l’indice UV-B ( 1/3)

non-respect de l’indication «waterproof»

Application : 25 %

   

Emballages/ indications : 20%

 

manquements sur les emballages/ indications

microbiologie

 

qualité microbiologie de la formule

Substances parfumantes controversées

 

présence de substances parfumantes controversées, du type Lilial,(BMHCA), HICC

Résultats ?

  • 7 produits reçoivent la meilleure note, «très bien», comme par exemple le lait solaire Nivea Sun protection & et soin (IP 30),  le lait solaire Ombra Sun Ultra Sensitiv de Aldi (IP 30) ou le lait solaire Sundance de DM (IP 30)
  • 7 produits reçoivent la note «bien», dont deux produits de cosmétique naturelle et bio, le lait solaire Sensitiv de Lavera (IP 30) et le lait solaire de Alverde (IP 30)

Conclusion : Pas de distinction entre filtres chimiques et filtres minéraux, en tout cas pas de déclassement pour une catégorie de composants spécifiques (filtres chimiques potentiellement classés perturbateurs endocriniens, par exemple). Pas de déclassement de produits solaires bio à base de filtres minéraux pour protection UV-A ou UV-B insuffisante, non plus.

*************

B) Le magazine allemand ÖKOTEST et ses tests produits solaires de juin 2019

 

Produits Testés : le test comportait en tout 20 produits, à la fois des marques «conventionnelles» et des marques de cosmétique bio certifiés.

Test produits solaires.

   

Critères de test :

Critères des déclassement  :

Analyse de la composition

  • Conservateurs de synthèse controversés, susceptible d’être des libérateurs de formaldehydes
 
  • Filtres UV de synthèse considérés comme controversés du type Octocrylen ou Ethylhexylmethoxycinnamat ou Benzophenon-3 susceptibles d’agir comme perturbateur endocriniens et/ou problématique environnementale
 
  • Des PEG, polluants et susceptibles de rendre la peau plus perméable à d’autres substances
 
  • Des composants à base d’huiles minérales (paraffine, Hydrogenated Polyisobuten, etc) ou de silicones
 
  • Des substances parfumantes allergisantes

Résultat ? :

  • 3 produits sont classés «très bien» (cosmétique naturelle et bio + 1 conventionnel), dont les produits solaires de  Eco Cosmetics, Dado Sans,  Lavera
  • 1 produit classé «bien» (conventionnel) 
  • 10 produits classés « satisfaisants » (conventionnels), 
  • 1 produit classé «suffisants» (conventionnel)
  • et les 5 produits restants (conventionnels) passent directement à la case «déconseillés».
  • En fin de liste parmi les produits classés insuffisants -déconseillés- on retrouve par exemple les produits de Clinique, Garnier, Lancaster, Piz Buin

Conclusion : L’analyse portait essentiellement sur la liste des ingrédients, la composition de la formule et l’étiquetage. Déclassement des produits en fonction des composants considérés comme controversés par Ökotest : filtres UV de synthèse potentiellement classés perturbateurs endocriniens, composants issus de la pétrochimie, etc.

*****************

C)  60 Millions de Consommateurs et ses tests produits solaires,  juillet-août 2019, France

Produits Testés: 8 produits solaires de cosmétique naturelle et bio. Tests produits solaires.

Critères de test :

Méthodes de test UV-A & UV-B

Critères de déclassement  :

Performance : 60 % (évaluation) : protection UV-A/ UV-B

Indice de protection (UV-B) + (UV-A) :  méthodes de test :  non précisés

  • indice de protection UV-B / UV-A non respecté

Composition : 30 %

 
  • Présence de composants potentiellement allergènes (vu qu’il s’agit ici de produits certifiés en cosmétique naturelle et bio : des composants issus d’huiles essentielles type linalool) 
   

présence de molécules anti-inflammatoires (du type propolis ou pollen extract) qui donneraient « une fausse et dangereuse impression de protection »

Etiquetage : 10 %

 
  • indications et descriptifs manquants
     
     

Résultats ?

  • 5 produits comme Dermatherm, Eq Evoa,… Gamarde reçoivent les meilleurs scores de 17/20 à 10/20….et les derniers des scores de 9,5/20, principalement pour protection UV-A ou UV-B insuffisante.

Conclusion :  Déclassement en fonction du non-respect de la protection UV-A/B (quelles méthodes de test ?) et des critères établis par le magazine. Selon ces analyses certains produits respecteraient la protection UV-A/B donnée, d’autres non. Le magazine ne donne pas d’indication précise concernant la méthode de mesure UV-A utilisée, par ex. Les résultats diffèrent par ailleurs avec l’analyse suivante, celle de Que Choisir, qui estime que les filtres chimiques seraient les seuls fiables en terme de protection UV-A, par ex.

*****************

C) Que Choisir juillet-août 2019 et ses tests produits solaires, France

 

Produits Testés: 20 crèmes solaires pour enfants, à la fois des marques «conventionnelles» et des marques de cosmétique bio certifiés.Tests produits solaires.

     

Critères de test :

Méthodes de test UV-A & UV-B

Critères des déclassement  :

protection UV-B

Indice de protection (UV-B) + (UV-A) :  méthodes de test :  non précisés

  • indice de protection UV-B  non respecté

Protection UV-A

 
  • indice de protection UV-A non respecté

Appréciation

   

Test d’usage

   

Perturbateurs endocriniens

 
  • Présence de perturbateurs endocriniens

Phenoxyethanol

 
  • Présence de phénoxyéthanol

Nano (étiqueté)

 

Présence de nanoparticules (indiqués sur la liste INCI)

Allergènes

 

Présence d’allergène

Etiquetage

 

Etiquetage non conforme

     

Résultats ?

  • En tête de liste, parmi les produits recommandés, on retrouve essentiellement des marques conventionnelles Avène, Rien, Ambre Solaire…. les produits de cosmétiques naturelle et bio, à base de filtres minéraux comme Alphanova ou Acorelle sont les derniers du classement, principalement à cause de la protection UV-A insuffisante.

Conclusion :  Déclassement et classement en fonction des critères établis par le magazine. Selon ces analyses les filtres chimiques seraient les seuls fiables en terme de protection UV-A (quelles méthodes de test ont été utilisées?). Une analyse qui est en opposition avec l’analyse de 60 Mio de consommateur et celle de Stiftung Warentest, : ces deux magazines arrivant à des conclusions différentes dans leur analyse de la protection UV-A des différents produits solaires à base de filtres minéraux.

Aucun magazine cité auparavant n’utilise les mêmes critères de sélection ou de déclassement, mais la question encore plus importante, en tout cas en ce qui concerne la mesure de protection UV-A et UV-B, serait de savoir si les magazines utilisent les mêmes méthodes de test ?

***********

Question l’harmonisation des méthodes de test UV-A… UV-B

La question de la protection des UV-A qui serait insuffisante pour les produits solaires à base de filtres minéraux, par exemple (donc tous ceux du secteur des cosmétiques bio, notamment, car seuls les filtres minéraux y sont autorisés) revient depuis des années, à chaque test produit solaire.

Scénario suivant :

  • Magazine de consommateur met en avant ses résultat de test, souvent alarmants.
  • Les médias relayent.
  • Le fabricant répond avec ses propres résultats qui diffèrent. (Les tests UV-A et UV-B sont d’ailleurs obligatoires avant la mise sur les marché.)
  • Confusion générale

Qui a tort, qui a raison ?

Tout le monde … et/ou personne, en fait ?

Car les différentes interprétations proviennent notamment des différentes méthodes de test, qui produisent souvent des résultats différents.

Un petit rappel des tests produits dernières années…et des réactions

Vu que la problématique est récurrente, voici également quelques communiqués et mises au point proposés par exemple par COSMED, (l’association professionnelle de la filière cosmétique en France) qui répondait il y a quelques années déjà aux tests produits solaires, avec des résultats similaires.

COSMED 2012

COSMED 2016

Le communiqué de 2016 précise par exemple:

« Une erreur de méthode : La revue a fait procéder par ses experts (non cités) à une série d’analyses in vitro en utilisant la norme internationale ISO 24443. Pour des raisons techniques parfaitement identifiées, cette norme est connue par tout expert sérieux comme ne devant pas être utilisée pour les produits de hauts indices 50 ou 50+, ou comportant des écrans minéraux, ceux-là même que conteste Que choisir. La norme utilisable dans ces cas est la norme ISO 24442 in vivo. Les industriels ont utilisé la bonne méthode. Celle-ci est reconnue également par les autorités de contrôles. Les experts indépendants ont donc confirmé, à juste titre, la sécurité et le haut niveau de protection de ces produits. Du reste, un des laboratoires mis en cause a été contrôlé par la DGCCRF ce mois de juin sur ses produits solaires, sans qu’aucune remarque n’ait été faite. « 

ou la prise de position de la FEBEA 2016

Fédération des entreprises de la beauté, qui avait également pris position :

**********************

Différentes approches pour mesurer la protection UV-B et UV-A

UV-B

Il existe plusieurs méthodes pour déterminer la protection UV-B, le chiffre indiqué par l’indice de protection ou FPS (= Facteur de protection solaire) sur le produit. Rappel: l’indice de protection indiqué sur le produit se réfère à la protection contre le rayonnement UV-B uniquement. Le ratio protection UV-A/ UV-B doit être égal à un tiers (min.) 1:3. Mais la protection contre les UV-A ne nécessite pas de logo spécifique, seul le FPS est obligatoire. Ex : un indice de protection UV-B de 15 nécessite un indice de protection de UV-A de 5 minimum.

Methode In-Vivo  = tests effectués directement sur la peau de volontaires, ce qui peut poser des questions d’éthique

Methode In-Vitro  = tests effectués en laboratoire

***********************************************

Des efforts d’harmonisation pour les méthodes de mesures UV-B

La norme IN VIVO ISO 24444, est actuellement la méthode de mesure du SPF reconnue au niveau international. Mais même actuellement les différentes méthodes de test utilisées peuvent mener à des résultats… différents. Le site de l’ISO précise ainsi :

« Différentes méthodes normalisées sont disponibles et sont décrites dans le Rapport technique ISO/TR 26369[4].Toutes ces normes sont similaires en ce qui concerne certains paramètres mais diffèrent par d’autres. Les différences peuvent conduire à des écarts de résultats. Par conséquent, une harmonisation est nécessaire pour obtenir la même valeur de FPS pour un seul et même produit, quel que soit le pays où il est soumis à essai. »

***********************************************

En route vers une normalisation de la mesure du SPF IN VITRO

La méthode in vitro de mesure du SPF/FPS soumise à l’ISO par Cosmetics Europe (L’Association européenne des cosmétiques, anciennement appelée COLIPA), vient d’être acceptée par le Comité Technique de l’ISO, elle représenterait ensuite une alternative au test in vivo (qui posent des problèmes d’éthique) et serait reconnue au niveau international.

En ce qui concerne la mesure de protection contre les UV-A il existe également différentes approches…

Pour mesurer la protection UV-A on se réfère aux méthodes et normes internationales ISO suivantes :

ISO 24 442 (IN VIVO)

La méthode d’évaluation « in vivo » ISO 24442:2011 actuellement en cours de révision, elle sera à terme remplacée par une autre norme :ISO/AWI 24442

ET la norme  ISO 24 443 (IN VITRO)

Et c’est cette norme qui ne semble pas adaptée aux solaires à base de filtres minéraux, ce qui évidemment amène à des résultats différents.

On peut notamment lire sur le site de l’ISO:

« La présente Norme internationale d’essai spécifie un mode opératoire in vitro pour caractériser la protection UVA apportée par des produits de protection solaire. Des spécifications sont données pour permettre de déterminer les caractéristiques d’absorbance spectrale de la protection UVA de façon reproductible.

Afin de déterminer les paramètres de protection UVA pertinents, la méthode a été mise au point pour fournir une courbe d’absorbance spectrale UV à partir de laquelle des calculs et des évaluations peuvent être effectués. Les résultats de ce mode opératoire de mesure peuvent être utilisés pour d’autres calculs exigés par les autorités réglementaires locales. Ces calculs comprennent le calcul du facteur de protection contre les ultraviolets A (FPUVA) [corrélé au FPUVA in vivo du mode opératoire d’essai de pigmentation persistante (PPD)], de la longueur d’onde critique et de la proportionnalité de l’absorbance des UVA. Ces calculs sont facultatifs et sont liés aux exigences d’étiquetage locales des produits de protection solaire. Cette méthode repose sur les résultats du FPS in vivo pour élaborer la courbe d’absorbance des UV.

La présente Norme internationale n’est pas applicable aux produits en poudre tels que les produits en poudre compacte ou en poudre libre. »

************

Conclusion : Les différents résultats des tests s’expliquent par des méthodes d’évaluation différentes… et les résultats de tests produits qui varient d’un magazine de consommateur à l’autre… et d’un pays à l’autre sont également tout simplement le résultat de critères de tests … qui ne sont pas les mêmes.

Qui a raison, au final ?

Vu que ni les méthodes de test, ni les critères d’évaluations sont identiques, ces tests sont effectuées sur différentes bases et ne sont donc…. pas comparables. Par ailleurs, les marques et fabricants utilisent parfois des méthodes de test différents de celles utilisées par les magazines de consommateurs.En attendant une harmonisation des méthodes de test :à chacun de s’informer, de poser les questions aux acteurs concernées (marques, magazines de consommateurs, associations) pour au final se faire sa propre opinion.

Vous trouverez également plus d’information au sujet des solaires sur le site :