Et si on décodait les 5 « idées reçues » les plus fréquentes sur les produits solaires ?
Il en existe certainement encore d’autres, mais voici ceux que l’on croise le plus fréquemment.
La question de la protection totale à 100%
1) Idée reçue : Les produits solaires – surtout ceux dont l’indice de protection est le plus élevé- assurent une protection totale à 100%, qui permet de rester au soleil toute la journée.
Faux !
Soyons clair, honnête et précis : en exposant votre peau – même avec une crème solaire- toute une journée au rayonnement solaire direct, mais sans protection textile (vêtements, chapeau, parasol etc), vous prenez des risques réels de surexposition, avec toutes les conséquences que cela implique !
Aucune crème solaire, même avec un indice 50 ne vous protègera au-delà d’une certaine durée d’exposition. Et cette durée d’exposition maximale est une « notion individuelle » qui dépend non seulement de l’indice de protection du produit choisi, mais surtout de votre type de peau (les fameux « phototypes »), de l’intensité du rayonnement et du contexte de l’exposition. Il est clair que le besoin de protection n’est pas le même si vous flânez l’été même en plein soleil dans une métropole du Nord de l’Europe ou si vous faîtes de la voile dans les Caraïbes !
L’écran total…n’existe pas
Le terme «écran total», très à la mode il y a quelques années, ne peut d’ailleurs plus être utilisé par les fabricants de produits solaires ; les indices les plus élevés sont qualifiés maintenant de « haute protection » car la «protection totale» est un leurre.
Les individus représentent de grandes inégalités face au soleil, tout simplement à cause de leurs différentes natures de peau, classifiées en «phototypes ».
Chacun, chacune connait à peu près son type de peau et sa propension à attraper plus ou moins vite un coup de soleil, (signe d’une surexposition et provoqué par les UV-B) et devra donc adapter sa protection solaire et surtout son comportement face au soleil en fonction de son point de départ.
Une fois de plus, rien de nouveau dans ce constat : vous avez la peau très claire, les yeux clairs (phototypes 1), votre peau vous fera remarquer assez rapidement que son temps d’exposition est dépassé (rougeurs, coup de soleil, sensation de chaleur, etc), même en appliquant un produit solaire avec indice 50 à longueur de journée. Alors que votre voisin à la peau mate pourra par exemple rester deux heures de plus à plage avec un indice inférieur, avant que sa peau ne réagisse.
Respecter les limites que nous indique notre corps, adopter des comportements qui relèvent du «bon sens» (et qui vont par ailleurs souvent à l’encontre de nos « mauvaises » habitudes actuelles), restent la base d’une stratégie cohérente de protection face au rayonnement intense du soleil.
Sur le site Dermato-Info on peut par exemple lire les recommandations suivantes :
Ne pas rester sur la plage des heures entières et ne pas dépasser une heure de bain de soleil par jour, les mélanocytes ayant recueilli la dose de soleil suffisante pour un bronzage de qualité. Préférer pour bronzer le soleil du matin ou de la fin de l’après-midi, pour bénéficier de la filtration des UV par l’atmosphère. Appliquer régulièrement des produits solaires performants (adaptés à votre phototype et aux conditions d’ensoleillement) dont le but n’est pas de prolonger le temps total d’exposition ni de promouvoir un bronzage intense, mais de permettre une exposition raisonnable sans risque.
Ce message n’est certes pas très glamour et il peut être perçu comme rabat-joie pour ces vacanciers qui aiment rester des heures durant exposés au rayonnement direct du soleil, à la plage par exemple, et qui préféreraient se fier aux produits solaires «miracles», infaillibles, qui les protégeraient toute une journée, peu importe le contexte global et le type de peau de départ.
L’application fréquente prolonge le temps d’exposition à l’infini ?
2) Idée reçue : En appliquant la crème solaire généreusement et surtout fréquemment, à longueur de journée…. on «rallonge» la possibilité de son temps d’exposition à l’infini…., surtout si on choisit un indice de protection élevé.
Faux, également.
Comme nous l’avons fait remarquer auparavant, le fameux «temps maximal d’exposition » est un paramètre qui varie d’un individu à l’autre et qui dépend de différents facteurs ; type de peau, étape du bronzage, indice de protection, intensité du rayonnement….
Petit rappel : sur quoi est basé le calcul de l’indice de protection (IP)* ?
Le fameux « coup de soleil » provoqué par les UV-B est une réaction inflammatoire de la peau qui nous signale ainsi sa limite de protection face au rayonnement des UV-B. La durée d’exposition d’une peau non bronzée et non-protégée avant qu’elle n’attrape ce coup de soleil varie – en fonction du type de peau- entre 5 et 30 minutes.
Non protégée, la peau du phototype 1 par exemple, serait « brûlée » au bout de 5 minutes. Protégée par un indice IP 10, la peau subira cet effet un peu plus tard : au bout de 10 x 5 minutes = 50 minutes. ; avec un indice de protection 50 , au bout de 250 min (50 x 5 minutes).
Mais cette durée d’exposition maximale n’est pas une science mathématique exacte où la minuterie se mettrait à sonner une fois le délai de 250 minutes écoulé, mais une indication qui peut varier d’une personne à l’autre.
Renouveler l’application de la crème fréquemment après les bains de mer, après avoir transpiré, pris des douches, etc, pendant le temps d’exposition que votre type de peau tolère, fait tout à fait sens.
Tout comme le fait d’appliquer le produit toujours en qualité réellement généreuse et de manière uniforme pour s’assurer d’une protection optimale.
Mais le fait d’appliquer la crème à plusieurs reprises, tout au long de la journée n’augmente pas ce seuil maximal d’exposition à l’infini. Et ce seuil maximal reste une notion qui varie d’un individu à l’autre. Mais souvenez- vous du conseil du site Dermato-info : une heure de bain de soleil par jour suffit pour un bronzage de qualité !
L’indice de protection (IP) indique essentiellement la protection contre les UV-B et n’intègre pas dans son calcul les UV-A qui eux pénètrent dans les couches profondes de la peau, accélèrent le vieillissement cutané et peuvent provoquer à long terme des cancers cutanés.
Mas pas de panique ! Toutes les protections solaires actuelles doivent se conformer à la réglementation qui impose depuis 2006 que toutes les crèmes solaires doivent à la fois protéger des UV-A ET des UV-B dans un rapport de 1 à 3. Une protection solaire avec un facteur de protection solaire IP de 30 devra par exemple garantir une protection d’indice 10 contre les UV-A .
(voir question plus bas)
*Le SPF, FPS ou IP, indiquent la même chose, SPF = Sun Protection Factor. IP = Indice de Protection.FPS = facteur de protection solaire.
« La courbe de protection inversée » des indices de protections ( IP)
Autre précision importante : les différents niveaux de protection
« La courbe de protection inversée » signifie aussi qu’il y a une différence bien plus importante entre un indice 15 et 20 qu’entre un indice de 30 et 50.
Exemple: le FPS ou FPS / IP permet d’évaluer le pourcentage d’UV « qui passent » et provoquent un érythème (=coup de soleil)
un IP 2 arrête 50% des UV
l’IP 15 arrête 93 % des UV
l’IP 20 arrête 95% UV
l’IP 30 arrête 97% UV
l’IP 50 arrête 98% UV
(La différence entre un IP 30 et 50 et faible, uniquement… de 1% au final).
Le constat reste le même : aucune crème solaire ne protège à 100%.
Produits solaires conventionnels ou bio, c’est la même chose ?
3) Idée reçue : Les produits solaires « conventionnels » ou les produits certifiés bio, c’est la même chose.
Faux !
Pour les produits solaires, les consommateurs peuvent choisir entre des produits qui contiennent des filtres UV de synthèse chimiques (ou parfois un mélange entre des filtres de synthèse et des filtres minéraux ) ou des produits qui contiennent uniquement des filtres UV minéraux.
Les filtres de protection solaire chimiques ou minéraux fonctionnent suivant des principes complètement différents. Les filtres chimiques pénètrent l’épiderme, créent une couche filtrante qui absorbe les rayons UV ; ils ne deviennent actif que 20 à 30 minutes après l’application, d’où la recommandation d’appliquer la protection solaire bien avant l’exposition.
Les filtres minéraux naturels -principalement le dioxyde de titane ou l’oxyde de zinc-en revanche se déposent sur la peau et réfléchissent les rayons UV, comme un miroir réfléchit la lumière, leur action est donc purement physique. Ces filtres de protection solaire naturels agissent immédiatement après application.
Des filtres de synthèse et des filtres minéraux
De manière générale l’industrie cosmétique ne peut utiliser que des filtres UV bien spécifiques : ceux autorisés dans le règlement européen des cosmétiques. Mais dans cette liste, on retrouve certains filtres UV de synthèse problématiques et également toute une série d’autres composants controversés et problématiques.
Les filtres UV chimiques ne sont pas autorisés par les différents cahiers de charge de cosmétique naturelle et bio, on y trouve donc essentiellement des filtres minéraux.
Dans certains filtres UV chimiques des produits conventionnels, on peut trouver une quantité non négligeable de substances susceptibles de perturber le système hormonal; c’est à dire que certains filtres UV chimiques peuvent agir comme perturbateurs endocriniens*, entre autre les suivants:
- Oxybenzone (Benzophenone-3)
- Homosalate
- 3-benzylidene camphor
- 4-Methylbenzylidene Camphor
- 4,4-dihydroxybenzophenone
- Benzophenone-1
- Benzophenone-2
- Octyl Methoxycinnamate aussi appelé Ethylhexyl methoxycinnamate (OMC) ou Octinoxate
Octocrylene
Parmi les filtres UV chimiques, certains sont considérés très allergènes, comme l’Oxybenzone par exemple, (leur utilisation est d’ailleurs limitée à un certain pourcentage dans la formulation globale) .
En plus, pour les filtres UV de synthèse, il faut prendre en compte l’impact environnemental, par exemple la pollution marine et la destruction des coraux engendrée par les UV chimiques qui a déjà fait l’objet de nombreuses études. On estime que les filtres les plus problématiques sur le plan environnemental sont les filtres chimiques Oxybenzone , Octinoxate, Ethylhexyl Methoxycinnamate, Benzophenone-3 et -4 et Methylbenzylidene Camphor.
Les filtres UV problématiques se rajoutent à d’autres ingrédients controversés
Et, dans les produits solaires «conventionnels», ce ne sont pas seulement les filtres UV qui peuvent poser problème, mais de nombreux composants chimiques controversés. Généralement on y retrouve, -parmi une liste non exhaustive qui varie d’un produit à l’autre -, des produits à risque comme par exemple certains conservateurs de synthèse classés eux aussi perturbateurs endocriniens, des composants susceptibles de développer des nitrosamines etc., etc.
Et bien sûr toute une panoplie de composants chimiques polluants (L’EDTA etc.), des composants issus d’huiles minérales ou à base de silicone et bien d’autres composants qui posent un sérieux problème pour l’environnement et par définition aussi pour les animaux marins et les humains, derniers maillons de la chaine alimentaire.
Les produits solaires certifiés bio protègent moins bien ?
4 ) Idée reçue : Les produits solaires certifiés bio ne protègent pas aussi bien que les produits «conventionnels ».
C’est faux de nouveau.
Régulièrement on retrouve dans la presse des titres comme « Les crèmes solaires ‘bio’ ne tiennent pas leurs promesses ! »
D’où viennent ces affirmations ?
Ces dernières années, plusieurs magazines de consommateurs ont testé différents produits solaires (marques conventionnelles et marques certifiées bio) et les derniers tests de Que Choisir par exemple affirment que les produits certifiés bio testés récemment ne tiendraient pas leur promesse concernant la protection contre les UV-A.
La règlementation et les exigences concernant la protection contre les UV-A et les UV-B est la même pour tous les fabricants des produits solaires, qu’ils soient du secteur conventionnel ou du secteur des cosmétiques bio certifiés. Il n’y a donc pas de différence à ce niveau là.au départ .(voir ci-dessus la précision concernant les indices UV-A et indices UV-B)
Mais la protection contre les UV-A est un sujet récurrent dans la presse des tests consommateurs en France et les résultats controversés s’expliquent notamment par les méthodes de test différentes pratiquées (in vivo ou in vitro) pour évaluer la protection contre les UV-A.
Les résultats d’autres magazines de tests au sujet de la protection UV-A (60 Millions de consommateurs du 07/2013 en France, ou en Allemagne le test récent Stiftung Warentest du 07/ 2016, les différents tests du magazine Ökotest) confirment au contraire que les produits solaires certifiés bio respectent bien dans leur formulation le ratio nécessaire UV-A / UV-B ( 1 à 3 ) et qu’ils protègent donc efficacement aussi contre les UV-A.
Si vous souhaitez approfondir le sujet ou connaitre la position des marques citées dans les tests produits concernant les méthodes de test utilisées, je vous invite d’aller voir le droit de réponse sur les sites des marques respectives, ainsi que la prise de position de Cosmed, association professionnelle de la filière cosmétiques.
Pour calmer un peu les esprits et en attendant que les méthodes de tests soient homologuées, et que les magazines de tests travaillent sur des données réellement comparables, il est important de se demander si le fait de baser l’intégralité de la protection solaire sur les seuls produits solaires est réellement la bonne approche?
Il faut rappeler que les protections solaires sont un outil parmi d’autres pour se protéger du soleil, plutôt qu’une sorte de «permis de bronzer » qui vous autoriserait à vous exposer ou à exposer vos proches à longueur de journée à un rayonnement excessif.
Produits solaires bio et nanoparticules
5) Idée reçue : Les produits solaires bio contiennent tous des « nanoparticules » de filtres minéraux.
Faux !
Les produits solaires bio contiennent des écrans minéraux (dioxyde de titane et oxyde de zinc) micronisés, parfois enrobés, mais micronisés ne veut pas dire «nanoparticules»
Les nanoparticules sont définies comme des éléments dont la taille se situe sur une échelle de 1 à 100 nm. Depuis 2013, la législation prévoit que les composants utilisés sous forme de «nanoparticules» doivent être déclarés avec le symbole (Nano). L’obligation de déclaration sur l’emballage rend l’identification plus facile.
Petit rappel : les solaires bio contiennent uniquement des filtres UV minéraux, les produits conventionnels principalement des filtres UV de synthèse chimiques ou parfois un mélange entre des filtres de synthèse et des filtres minéraux.
A notre connaissance et après avoir regardé de plus près de nombreux produits solaires, ce sont essentiellement les marques conventionnelles qui utilisent des filtres minéraux sous forme nanoparticules. Nous n’avons trouvé que quelques marques certifiées bio (moins de 4) qui indiqueraient la présence de nanoparticules et qui devront sans doute revoir leur formules en fonction des directives à venir des différents cahiers de charges en cosmétique naturelle et bio.
Il suffit de regarder de plus près la liste des ingrédients sur l’emballage, -surtout dans la catégorie les produits « conventionnels » avec indice de protection plus élevé-, qui utilisent parfois un mélange de filtres UV de synthèse et de filtres minéraux sous formes de nanoparticules. Ces filtres UV micronisés sous forme nano seront indiqués dans la liste INCI comme par exemple le METHYLENE BIS-BENZOTRIAZOLYL TETRAMETHYLBUTYLPHENOL [nano] ou le Titanium dioxide [nano].
Sans rentrer dans un débat plus approfondi sur la problématique des nanoparticules dans les cosmétiques, il faut savoir que les différents cahiers de charges en cosmétique naturelle et bio (Cosmos, Natrue, Ecocert, BDIH, Soil Association, etc) sont en train de statuer et de se prononcer à leur sujet. La réglementation au sujet des composants évolue régulièrement, le processus d’évaluation des risques est un travail en continu, qui doit accompagner l’évolution du niveau des connaissances et des études scientifiques récentes.
Plus d’informations au sujet du dioxyde de titane
Produits solaires : et si on remettait tout simplement un peu de bon sens dans tout ça ?
C’est un peu comme dans la discussion sur les régimes ou plutôt sur tous les sujets qui gravitent autour la perte de poids, on trouve des nouvelles approches, on invente de nouveaux régimes, des nouvelles astuces, des nouvelles techniques, on commercialise de nouveaux gadgets chaque année….
Mais en fait tout le monde sait ce qu’il suffit de faire pour être en meilleure forme et perdre du poids : manger mieux, manger moins, bouger plus et écouter son corps.
Dans la discussion sur les produits solaires, il serait pertinent de rappeler que ces produits sont là en complément de recommandations relativement simples et logiques, que tout le monde connait d’ailleurs. ; ils ne sont qu’un « outil » parmi d’autres approches, que l’on retrouve dans la catégorie « bon sens », qui , elle, a toujours fait ses preuves !
- Profiter du soleil, mais… de préférence avec modération
- Limitez l’exposition entre 11h-16h, pendant ce créneau, cherchez l’ombre ou créez des espaces d’ombre.
- Adoptez toute la panoplie de protection solaire, chapeau large, lunettes de soleil, parasol, etc.
- Quand le rayonnement est au plus intense, portez des vêtements couvrants qui constituent déjà un moyen de photo-protection, que ce soit au quotidien ou à la plage.
- N’exposez jamais directement au soleil les bébés et tout-petits, leur peau étant particulièrement sensible et vulnérable. Protégez leur peau, même à l’ombre, et jouez la carte de la sécurité avec des vêtements ou tentes anti-UV.
- Habituez progressivement votre peau au soleil, dès le printemps, cela peut avoir un effet préventif bénéfique et permet aux mélanocytes de la peau de développer sa protection naturelle (photoprotection/ bronzage) .
- Renforcez vos défenses naturelles en favorisant une alimentation riche en antioxydants (vitamine E, vitamine C) et caroténoïdes (contenus dans les fruits et légumes de couleur rouge orangée) qui protègent contre les méfaits des UVA.